Le centre de Milan est désert. Les pigeons sont cloués au sol. Le clapotis des canaux vénitiens ne distrait que de rares passants. Turin tourne au ralenti. Dans les rues les habitants gardent leurs distances. Là où, quelques mois auparavant, on se plaignait d’un trop-plein du tourisme de masse. Les rues et les places d’habitude noires de monde sont désormais claires et aérées. Les touristes ne viennent plus. Un signe qui ne trompe pas pour l’une des plus importantes destinations du tourisme international, avec ses 58 millions de visiteurs par an qui rapportent près de 13,2% au PIB transalpin.
«[On constate, ndlr] une chute du taux de fréquentation dans les hôtels de Milan de 85 à 10%. L'été sera également négatif», alerte Luca Patane, président de Confturismo.
Le secteur touristique attend des aides gouvernementales
Le premier décret édité par le gouvernement concernait essentiellement les aides aux entreprises touristiques tombant dans les zones rouges. Désormais, cette classification est désuète, puisque toute l’Italie «voit rouge» et les annulations concernent l'ensemble du territoire national, du nord au sud. Les professionnels du tourisme attendent des «mesures immédiates» en faveur de l'ensemble de la chaîne touristique et donc «non seulement des hôtels, mais aussi de l'ensemble du système italien non hôtelier». Dans un entretien à Sputnik, Vittorio Messina, président de l’Assoturismo Confesercenti, fait part de ses attentes: un moratoire sur les hypothèques, un régime spécial d’impôts, des droits et taxes et «une plus grande facilité d'accès au crédit pour que les entreprises du secteur touristique ne souffrent pas de manque de la liquidité».
«C'est une situation d'urgence car du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés sans réservation, raconte Vittorio Messina à Sputnik. La première semaine, nous avons eu des centres avec des annulations jusqu'à 80%. D’hôtels pleins, nous sommes passés aux hôtels vides du jour au lendemain».
«Les entreprises doivent être sauvegardées […] pour ensuite reprendre le tourisme et accueillir des touristes du monde entier», conclut Vittorio Messina.
Mais certains experts parlent du risque que des étrangers ne se rendent tout simplement pas en Italie cette année. Et là, la facture risque d’être salée, bien que difficile à estimer pour le moment.
Florence est déserte, Val d’Aosta «ne dispose que d'un hôpital»
Le maire de Florence Dario Nardella s’est mis en «isolement volontaire» et proclame l'importance «pour tout le monde» de rester chez soi. Florence est étonnamment vide en cette douce période printanière:
«Là où nous avions 267 bus touristiques par jour, on en voit arriver cinq», constate Dario Nardella.
En cette période du ski, la situation s'aggrave aussi pour le tourisme intérieur italien. Hier, vers 18 heures, 15 personnes ont été testées positives dans le Val d'Aoste et les autorités dissuadaient les nouveaux voyageurs d'arriver. «J'invite les touristes encore présents dans la vallée d'Aoste à rentrer chez eux», a déclaré Mauro Baccega, conseiller régional de la santé devenu porte-parole des autorités locales.
«Notre région ne dispose que d'un hôpital, explique-t-il à l’agence de presse italienne ANSA, et il est incapable de soigner d'autres personnes que les résidents».