Des internautes ont récemment posté sur les réseaux sociaux des photos d’avions aux trois-quarts voire complètement vides, mais circulant quand même. Cet état de fait est dû à l’actuelle épidémie due au coronavirus, ainsi qu’à la législation européenne.
L’épidémie affecte en effet directement le transport aérien, comme le précise l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui fédère 293 compagnies aériennes. D’après ses prévisions, l’impact du coronavirus sur le chiffre d’affaire des compagnies pourrait aller de 63 milliards à 113 milliards de dollars (hors fret). Le scénario le plus extrême avance une baisse de 19% des revenus du transport aérien pour passagers.
Pourtant, les compagnies continuent d’opérer des «vols fantômes», sans passagers, comme le rapportait le Times la semaine dernière. Cette aberration s’explique par la réglementation européenne dite «des 80/20».Selon elle, les compagnies aériennes doivent assurer 80% des créneaux horaires qui leur sont attribués, si elles ne veulent pas les perdre au profit d’autres concurrents. C’est le principe du «use-it-or-lose-it» («utilisez-le ou perdez-le», en français).
#Coronavirus :
— François Beaudonnet (@beaudonnet) March 7, 2020
Vol Air France Rome / Paris :
embarquement terminé
Photo : Hakim Abdelkhalek@infofrance2 @france2tv @franceinfo #Italie pic.twitter.com/iHhWH9EOaR
Les politiques européens montent au créneau:
Ces «vols fantômes» ont suscité l’indignation des associations écologiques et d’une partie de la classe politique. Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a ainsi exprimé son inquiétude auprès de la Commission européenne:
«Il est totalement absurde que cette réglementation s’applique dans les circonstances actuelles. Je souhaite que la Commission européenne puisse confirmer que les compagnies aériennes garderont leurs créneaux sans faire tourner leurs avions», a-t-il expliqué en conférence de presse lundi 9 mars.
Le secrétaire d’État britannique aux Transports a pour sa part envoyé une lettre à l’Airport Coordination Limited (ACL), service qui coordonne les créneaux horaires dans les aéroports.
«Je suis particulièrement préoccupé par le fait que, pour satisfaire à la règle des 80/20, les compagnies aériennes puissent être obligées de piloter des avions à des taux de remplissage très bas, voire à vide, afin de conserver leurs créneaux horaires», écrit-il.
Aviation demand is reduced due to COVID-19, but airlines are being forced to fly some ‘ghost flights’ to avoid losing their slots – bad news for the environment, airlines & passengers. I've written to the regulator to request urgent reconsideration of 80% slot utilisation rule. pic.twitter.com/OsKEH2S4Ab
— Rt Hon Grant Shapps MP (@grantshapps) March 5, 2020
Vers une suspension de la réglementation
La règlementation devrait bientôt s’assouplir. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a en effet annoncé que les compagnies pourraient temporairement conserver leur créneau, dans le but de restreindre les vols fantômes.
«Cette mesure temporaire permettra aux compagnies aériennes d’adapter leur capacité compte tenu de la baisse de la demande provoquée par l’épidémie»,a confirmé Adina Valean, commissaire aux Transports de la Commission.