Des précautions… et la prière, les Camerounais démunis face au сoronavirus

© AFP 2024 -Des passants devant l'hôpital de Yaoundé au Cameroun.
Des passants devant l'hôpital de Yaoundé au Cameroun. - Sputnik Afrique
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Depuis la confirmation, le vendredi 6 mars, de deux cas testés positifs au Covid-19 au Cameroun, la psychose gagne du terrain. Malgré les assurances du ministère de la Santé publique sur la capacité du pays à faire face à la situation, l’apparition de la maladie suscite interrogations et angoisse auprès des populations.

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À bord de son taxi, ce lundi 9 mars dans le centre-ville de Yaoundé, Mathurin n’a que ce sujet à la bouche. Littéralement scotché à son poste récepteur, le cinquantenaire écoute et commente avec ses passagers les dernières informations relatives à l’épidémie de coronavirus.

«D’où vient cette maladie inventée pour nous nuire? Donc après Ebola, c’est maintenant de ça qu’on parle tous les jours à la radio?», s’interroge-t-il, angoissé.

Assise à sa droite, une passagère, plutôt bien informée et l’air préoccupé, renseigne sur le danger: «Cette maladie a déjà tué des milliers de personnes ailleurs. Il faut désormais faire très attention puisqu’elle est capable du pire chez nous», lance-t-elle.

Deux cas au Cameroun

En effet, deux nouveaux cas de coronavirus ont été confirmés au Cameroun vendredi 6 mars dernier par le ministre de la Santé publique. Il a précisé que les malades sont un Français arrivé le 24 février à Yaoundé et une Camerounaise qui avait été en contact avec lui.

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Depuis la confirmation de ces deux cas testés positifs au Covid-19, le sujet alimente les conversations auprès des populations de la capitale, partagées entre angoisse et interrogations. Jérémie, un jeune commerçant ambulant rencontré dans une ruelle de la ville, craint pour sa vie. «J'ai accueilli la nouvelle avec beaucoup de panique et honnêtement, je m’inquiète pour nous autres qui sommes au contact de la foule au quotidien», se désole-t-il. Face à la menace de ce virus, bien que respectant les mesures d’hygiène prescrites par le ministère de la Santé publique, le vendeur à la criée préfère s’en remettre au ciel.

«À mon niveau, la première des mesures que je prends, c'est  d'abord la prière. Je me confie à Dieu et j'évite certains contacts, je me lave régulièrement les mains comme entendu à la télé ce matin», confie-t-il au micro de Sputnik.

D’une personne à l’autre, l’inquiétude est visible. Munie de son cache-nez et de son gel hydroalcoolique, Erna, étudiante dans une école privée de la ville, nous confie vivre désormais avec la crainte de contracter le virus.

«Déjà que je suis hypocondriaque, car j’ai une peur panique des maladies, il suffit désormais que quelqu’un tousse à côté de moi pour que je commence à me faire des idées. C’est bizarre, mais je suis ainsi», dit-elle.

Les assurances du gouvernement

À Yaoundé, il n’est plus rare de voir dans la rue des passants portant des cache-nez. Dans la chaleur de ses fourneaux à l’université de Yaoundé I, Patrick Tchiegue, restaurateur à l’œuvre devant une foule d’étudiants, est encore surpris par l’apparition de cette épidémie, dont il n’entendait parler qu’à travers les médias.

«Je suis très surpris à l'idée de savoir que le virus est déjà au Cameroun. Cette nouvelle est inquiétante. Mais nous espérons qu'avec les mesures que le gouvernement prend via le ministère de la Santé, ça ira pour le mieux», espère le jeune homme qui confirme néanmoins être plus regardant sur les conditions d’hygiène dans son commerce. 

Le pays entier est sur le qui-vive, craignant ce qui pourrait être une catastrophe au regard de la précarité des structures sanitaires. Mais de son côté, le ministre de la Santé publique tente de dédramatiser.

«Le gouvernement assure que tout est mis en œuvre pour confiner ce cas d'importation du coronavirus. Il n’y a aucune raison de céder à la panique, la situation reste sous contrôle. Les populations doivent simplement continuer à observer les règles usuelles d'hygiène», a écrit Manaouda Malachie sur son compte Twitter, après l’annonce des premiers cas au Cameroun.

Samedi 7 mars dernier, les ministres de la Santé publique, de la Communication et des Industries animales ont informé par le biais de la presse l’opinion nationale sur l’évolution de la situation. Outre le Franco-Camerounais de 58 ans et une femme camerounaise, qui ont été détectés positifs, le bilan n’a pas évolué jusqu'ici, renseigne le gouvernement.

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Par ailleurs, le ministre de la Santé a annoncé que les 175 personnes ayant été en contact avec les deux malades ont été tracées, même si elles n’ont pas été confinées. Le gouvernement camerounais confirme avoir mobilisé les services compétents en la matière sur toute l’étendue du territoire national afin de faire face à la menace et assure que le dispositif mis en place aux frontières maritimes et aéroportuaires sera renforcé. En attendant, le ministre de la Santé publique a appelé une fois de plus au respect scrupuleux par l’ensemble de la communauté nationale des diverses recommandations de base relatives à la sécurité sanitaire et à l’hygiène de vie. En outre, une ligne verte –le 1510– est opérationnelle de 8 heures à 16 heures pour répondre à toutes les préoccupations des citoyens.

En Afrique subsaharienne, le nombre de personnes contaminées augmente chaque jour un peu plus. Le Cameroun, premier pays d'Afrique centrale à annoncer de nouveaux cas de coronavirus, vient de voir le Gabon, pays voisin, fermer ses frontières à la circulation des personnes, par prudence.

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