Lundi 2 mars, une collection d’archives du Vatican relatives au pape Pie XII (chef de l’Église catholique entre 1939 et 1958) a été rouverte et numérisée avec l’autorisation du pape François. C’est un historien spécialisé dans le rôle du Saint-Siège pendant la Seconde Guerre mondiale, Matteo Luigi Napolitano, qui a été un des premiers à pouvoir les consulter. Il a fait part de ses découvertes auprès de Vatican News.
«L'attention portée aux juifs est une constante de l'action du Vatican au cours de ces années», a-t-il déclaré au site d’information pontifical.
L’historien a notamment découvert des preuves que des juifs s’étaient réfugiés dans les bâtiments des institutions ecclésiastiques, et même dans la résidence d’été du pape, à Castelgandolfo.
«Nous disposons de documents dans lesquels de nombreux citoyens américains, et le gouvernement américain lui-même expriment leur gratitude au Saint-Siège pour ce qu'il a fait pour les juifs pendant la même période», a également révélé le spécialiste italien.
De plus, le Saint-Siège faisait régulièrement appel à des organisations internationales pour venir en aide à la communauté juive. Pendant la guerre, l’Allemagne nazie tentait d’intercepter des messages entre l’État pontifical et le nonce de Berlin.
Des documents faisaient état de «sceaux brisés» du courrier du Vatican à l’arrivée, bien que protégé par l’immunité diplomatique. Cette surveillance des communications est une autre preuve des «relations difficiles» entre le Saint-Siège et l’Allemagne nazie, a souligné M.Napolitano.
Le silence de Pie XII
L’historien s’est particulièrement penché sur Pie XII, qui a été vivement critiqué lors de son pontificat pour son «silence» face aux persécutions nazies, accusé même de «n’avoir rien fait» pour les juifs en Europe. Presque trop diplomate, le pape s’était défendu de critiquer ouvertement le régime nazi, n’ayant même jamais explicitement condamné l’extermination des juifs.
Pour Matteo Luigi Napolitano, il s’agit d’un «silence non opérationnel», qui lui rappelle les abbayes bénédictines de l’époque en Italie. Restées discrètes pour ne pas être inquiétées par le régime de Mussolini, celles-ci avaient pourtant organisé un véritable réseau de résistance.
«Le silence ne peut être réduit à une absence de jugement ou à de l’indifférence: il peut être autre chose», affirme-t-il. Il pense par exemple qu’il est «logiquement insoutenable» que des juifs étaient cachés à Castelgandolfo sans que celui-ci ne soit tenu au courant. Selon lui, ces documents prouvent l’existence d’un réseau de relations au sein du Vatican pour sauver les personnes persécutées.