Dans une déclaration au site d’information Tout Sur l’Algérie (TSA), l’ex-président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme, l’avocat Farouk Ksentini, affirme que la présentation de l’ancien Président déchu Abdelaziz Bouteflika à la justice dépend d’«une volonté politique». En effet, sur fond de l’appel répété de l’ex-ministre algérien de l’Information Abdelaziz Rahabi à juger l’ex-chef de l’État au moins «symboliquement», les deux anciens Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, jugés en appel depuis le 1er mars à la Cour d’Alger pour leur implication dans des affaires de corruption, ont demandé au juge de convoquer comme témoin à la barre Abdelaziz Bouteflika.
«Le jugement de l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika est possible s’il y a une volonté politique dans ce sens chez le pouvoir actuel», déclare l’avocat, précisant que «la Constitution actuelle [amandée en 2016, ndlr] permet de juger le Président comme tout autre citoyen, sauf que la [Haute] Cour [de l’État] n’est pas instituée [faute de décision politique, ndlr]».
Que dit la Constitution?
Or, les Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que Youssef Yousfi qui a également occupé ce poste par intérim, à défaut de la création de cette Haute Cour d’État, ont été jugé en première instance et en appel par un tribunal ordinaire, celui de Sidi M’Hamed à Alger.
Sur la demande des deux ex-Premiers ministre de convoquer Bouteflika à la barre, M.Ksentini estime que «c’est une demande justifiée et la défense a le droit de la formuler, mais la décision revient au juge qui a le pouvoir discrétionnaire de convoquer ou pas une personne comme témoin». L’avocat rappelle toutefois que l’état de santé de l’ancien Président doit être pris en considération.
Le constat à charge du Premier ministre
Lors de la présentation mardi 11 février du plan de son gouvernement à l’Assemblée populaire nationale (APN) algérienne, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a qualifié de «catastrophique» la gestion du pays sous le Président déchu Abdelaziz Bouteflika.
Dans le même sens, le chef de l’exécutif algérien a expliqué que ce sont les résultats de cette gestion qui ont poussé les Algériens à se soulever le 22 février 2019 et à chasser du pouvoir l’ancienne équipe, à «condamner et rejeter cette tentative d’affaiblir notre pays» et à faire en sorte que «cette situation ne se reproduise plus».