Le même jour, Delta Air Lines et American Airlines annonçaient la suspension de leurs vols vers Milan suite à la propagation du virus aux États-Unis. Au lendemain d’un premier décès, les autorités américaines, qui ont recensé une vingtaine de cas répartis dans différents États, ont ainsi relevé le niveau d’alerte. Une annulation des vols vers ou depuis Milan, dont la région est devenue le troisième foyer mondial du Covid-19, qui ne semble pas à l’ordre du jour pour les compagnies européennes et notamment françaises.
En effet, si les aéroports italiens se vident progressivement, les liaisons commerciales entre l’aéroport milanais et ses pairs européens sont maintenues, même si certaines compagnies telles que Brussels Airlines, British Airways, le groupe Lufthansa ou encore Wizz Air ont décidé de réduire la voilure. Une réduction qui ne semble pas concerner les compagnies françaises. Pour ce seul lundi, 44 numéros de vol (certains d’entre eux se partageant le même avion) sont annoncés à l’arrivée de Milan aux seuls aéroports parisiens de Roissy-Charles de Gaulle et d’Orly.
#Coronavirus Lundi 02 mars 2020: l’Italie a franchi la barre des 50 morts et des 2.000 cas de contaminations.
— Maxime Perrotin (@PerrotinSputnik) March 2, 2020
Le même jour on retrouve 44 numéros de vol (certains se partagent le même avion) en provenance de Milan vers Paris #CDG et #Orly et toujours aucun contrôle à l'arrivée! pic.twitter.com/fMDMWyBkZO
«Nous suivons en temps réel l’évolution de la situation. À ce jour, nous maintenons notre desserte de l’ensemble de l’Italie», souligne, lundi 2 mars, Air France dans son Flash info. Suite aux recommandations de l’OMS le 30 janvier, la compagnie avait interrompu temporairement ses vols vers la Chine continentale, une mesure qu’avait demandée le jour même les représentants syndicaux du personnel navigant.
Malgré la situation, les passagers de ces vols en provenance de Milan ne feraient l’objet d’aucun contrôle tant au départ qu’à l’arrivée et «aucune consigne particulière n’est donnée» dans l’avion, témoignait jeudi 27 février une envoyée spéciale d’Europe 1. Pire, cette dernière revenait de la ville de Codogno, l’épicentre du foyer épidémiologique en Italie. Une situation d’autant plus ubuesque que si la libre circulation des passagers à l’international –même en provenance de zones à risque– est globalement maintenue, les restrictions se multiplient pour les citoyens français, comme l’annulation des voyages scolaires vers tous les pays décidée par le gouvernement le 29 février.
Tout ceci soulève d’ailleurs la question d’une éventuelle écoute complaisante que le gouvernement apporterait à certains secteurs économiques. Pour ne prendre qu’un exemple, ce lundi 2 mars, le Quai d’Orsay a recommandé de différer les déplacements à l’étranger. Des recommandations jugées dans la foulée «excessives» par Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage (EdV), auprès d’ÉchoTourisme. Le représentant des professionnels de l’industrie touristique en France explique préparer, avec le Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) et potentiellement la Fédération nationale de l’aviation marchande (Fnam), une prise de position commune en réaction aux recommandations de la diplomatie française. «À titre personnel, je constate que nous ne pouvons plus apporter de crédit aux recommandations du ministère» de l’Europe et des Affaires étrangères, estime-t-il.
La France deuxième foyer européen du Coronavirus
L’isolation, une nécessité qui pourrait rapidement toucher les entreprises en France. Une solution envisageable pour certaines, mais que faire pour les activités où la présence du salarié est indispensable à la production, au service? Dans le cas de la France, la situation est d’autant plus problématique que les cas de contamination –et donc potentiellement les futures zones à mettre sous cloche– sont éparpillés à travers tout le territoire, notamment à cause de l’origine de la contamination: des retours d’Italie.
Une situation qui interpelle d’autant plus que l’État français ne manque pas de moyens, ce dernier étant le plus gourmand au monde en matière de prélèvements obligatoires. En effet, plus de 48% de la richesse nationale est en réalité constituée d’impôts et de taxes. Avec un tel niveau d’imposition, on s’attendrait donc légitimement à avoir un État qui assume pleinement sa fonction régalienne, à savoir protéger ses citoyens. Pour l’heure, au-delà des quelques mesures restrictives –à l’intention des Français– annoncées par le gouvernement, celui-ci se contente de recommander de se laver régulièrement les mains (en n’oubliant pas les pouces) et de ne plus se serrer les mains.
Finalement, tenter de ralentir le virus dès la frontière n’aurait-il finalement pas été plus tenable financièrement? Le gouvernement avait fait comprendre qu’il traiterait les cas une fois le virus en France, car il ne serait pas possible de l’empêcher d’arriver. «La notion de frontières physiques n’a pas de sens pour un virus», affirmait au micro de nos confrères d’Europe 1 la porte-parole du gouvernement. Un argument pour le moins spécieux, car le virus a besoin d’hôtes pour se propager, lesquels sont, eux, sensibles à la notion de frontières et de mesures prophylactiques.