De premiers remous politiques ont suivi la décision du Premier ministre d'engager la responsabilité du gouvernement pour faire adopter sans vote le projet de réforme des retraites via l'article 49.3 de la Constitution.
«Le gouvernement s'est aperçu que sa propre majorité était incapable de défendre le texte», a pointé le dirigeant de LFI, Jean-Luc Mélenchon, intervenant à l’Assemblée. «Nous avons bien fait de déposer nos amendements et d'organiser le débat en amont parce que sinon il n'y aurait pas eu débat du tout. S'il n'y avait pas eu de leur part, la volonté d'en finir [...] avant les élections municipales, il n'y aurait aucune espèce de difficulté si le débat, au total, durait 6 à 8 semaines, ce qui est peu de chose pour une loi qui va changer la vie de millions de personnes.»
Selon le député LFI du Nord, Adrien Quatennens, le chef du gouvernement a «dégainé le LBD parlementaire», alors que la présidente du RN a dénoncé le «cynisme» et «manœuvre indigne» que les citoyens «ne pardonneront pas».
Le débat de fond avait lieu à l’Assemblée et faisait apparaître l’arnaque de ce projet de loi qu’une majorité de Français veut voir retirer. Rien de ce qu’annonçait le programme présidentiel n’y est respecté. Edouard Philippe dégaine le LBD parlementaire. Vite, un 49.3 citoyen !
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) February 29, 2020
Après avoir refusé un référendum et utilisant la crise du #coronavirus, le gouvernement, avec le cynisme que chacun lui reconnaît, vient de dégainer le 49.3 pour faire passer son odieuse #RéformeDesRetraites. Les Français ne pardonneront pas cette manœuvre indigne. MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) February 29, 2020
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a pointé sur une autre priorité sur laquelle aurait dû se concentrer le gouvernement.
Le gouvernement a choisi d’autoriser l’utilisation du 49-3 lors du conseil des ministres chargé de contenir l’épidémie de #COVID19 . Chacun appréciera. #retraites 👇
— Olivier Faure (@faureolivier) February 29, 2020
Le député PCF André Chassaigne a fait part de sa colère contre cet «acte grave» et «les justifications avancées par le Premier ministre qui sont absolument scandaleuses». Le président LR Christian Jacob a de son côté fustigé une réforme «irresponsable».
Le gvt utilisera donc le #49.3 pour faire passer une réforme des retraites irresponsable. Ce recours au 49.3 est une nouvelle preuve de faiblesse de la part du Premier ministre ! @lesrepublicains ont toujours fait preuve de responsabilité en proposant le seul projet crédible pic.twitter.com/hvDz7ZzimU
— Christian JACOB (@ChJacob77) February 29, 2020
Selon le député LR Eric Woerth, «le gouvernement a présenté un texte confus, illisible». Il a souhaité que «la France puisse continuer à réformer son système de retraite mais qu'elle le fasse avec sérieux et efficacité».
«Après avoir concerté des mois sans en tenir compte, après avoir méprisé les manifestants et la position majoritaire des Français, après avoir présenté une loi au Parlement avec une procédure accélérée, renvoyant l'essentiel à des ordonnances, le recours par le gouvernement au 49-3 est un scandale démocratique allié à une catastrophe sociale», a déclaré à l’AFP le maire PS de Lille, Martine Aubry. «Aucun Français ne sait ce que sera sa retraite, mais chacun a compris qu'il toucherait moins, en travaillant plus, et que les inégalités liées notamment à la pénibilité et à la précarité seraient accrues.»
«Voilà près de deux semaines que notre démocratie subit le sabotage parlementaire orchestré par nos oppositions», a indiqué à l’AFP Stanislas Guerini, délégué général de LREM. «Force est de constater que face à une stratégie d'empêchement, aller au bout de ce débat était devenu impossible. Si nos oppositions utilisent la Constitution pour empêcher notre démocratie de fonctionner, qu'ils ne s'offusquent pas que le Gouvernement utilise lui aussi les moyens constitutionnels [...] pour faire vivre la démocratie. Je soutiens le Gouvernement dans ce choix, convaincu que cette réforme majeure pour l'avenir de notre pays doit devenir réalité».