Les artisans de la manufacture d’orgues Muhleisen ouvrent une nouvelle page de la vie musicale moscovite: ce samedi 29 février, et pour 24 heures d’affilée, on entendra le son de leur instrument dans la salle de concert Zariadié, face au Kremlin.
«Récemment, nous avons entendu le premier son de notre “roi des instruments”. C’était une sensation incomparable. En l’écoutant, nous avons compris que tout ce que nous avions imaginé prenait vie,» se félicite Olga Joukova, directrice générale de la salle Zariadié, au micro de Sputnik.
Au lieu d’organiser un concert classique avec des spectateurs assis –un concert «pour les spécialistes de l’orgue»–, la direction de la salle a décidé de créer une forme inédite de spectacle itinérant, confié au metteur en scène suisse Daniele Finzi Pasca. Ainsi, le public participe-t-il à la «consécration» du plus grand orgue de Moscou en débutant son parcours dans le hall de la salle de concert, où des étudiants d’écoles de théâtre et de musique de la capitale russe racontent l’histoire du «roi des instruments», avant de les introduire dans son «royaume».
«La console est placée en plein milieu de la salle, dans un espace épuré. Un labyrinthe lumineux installé dans l’espace scénique leur permet de déambuler autour et de s’en approcher pour pouvoir presque toucher l’organiste en train de jouer», détaille pour Sputnik Patrick Armand, directeur général de Muhleisen.
Le spectacle promet d’être magique, puisqu’«une multitude de petites lampes, telles des lucioles, s’allument et s’éteignent, en fonction des notes jouées par l’organiste et de l’intensité sonore». On attend environ vingt mille personnes à cette inauguration hors-norme. Et comme jamais auparavant un orgue n’avait résonné dans une salle de concert pendant 24 heures d’affilée, des représentants du Livre russe des records et du Livre européen des records seront présents dans la salle.
«Les vingt-quatre organistes sont libres dans le choix des œuvres à jouer. Cela nous donne une palette énorme: de la musique baroque française en passant par la musique romantique –“Le Cygne” de Camille Saint-Saëns–, jusqu’à même un peu de jazz», poursuit Patrick Armand.
Toute l’équipe de la manufacture Muhleisen s’est précipitée à Moscou pour l’occasion. Elle suit le bon déroulement du marathon musical, «pour intervenir si jamais un tuyau se mettait à sonner faux et qu’il fallait le corriger en cours de route», même si un test, fin janvier, sur «le plus grand instrument jamais construit» par la manufacture française, «s’est bien passé».
«L’idée principale de la direction de la salle est de donner envie à ces spectateurs du samedi de revenir pour les spectacles classiques d’orgue, dans cette salle», décrypte Patrick Armand.
Le directeur général de Muhleisen précise que la manufacture est chargée de l’entretien de l’orgue et d’une révision générale annuelle et que les techniciens sur place ont été formés pour assurer sa maintenance. Mais la collaboration franco-russe ne s’arrête pas là, les organistes du monde entier viendront pour faire sonner l’instrument de mille voix, tout comme la Salle Zariadié «poursuivra certainement sa coopération avec la société Muhleisen», comme le précise à Sputnik Olga Joukova, avant de mentionner «le partenariat avec l’Ambassade de France et le Centre culturel français».
«En ce concerne la programmation de la salle elle-même, les artistes français sont des hôtes fréquents de Zariadié, conclut Olga Joukova. Le 1er mars se produit le magnifique ensemble français Le Poème harmonique, sous la direction de Vincent Dumestre. Le 26 mars, le célèbre claviériste Jean Rondeau joue dans la petite salle. La saison prochaine, nous recevrons le harpiste Xavier de Maistre, le pianiste Lucas Debargue et le chef d’orchestre Pierre Bleuse.»