Une enquête réalisée par Odoxa auprès des Français âgés de 18 ans et plus pour l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), Le Parisien et Aujourd’hui en France, à l’occasion des Entretiens européens d’Enghien, a permis de dessiner les contours d’un pessimisme croissant à l’égard de la construction européenne.
Seul un Français sur quatre (26%) voit dans la construction européenne une «source d’espoir», tandis qu’elle est une source de crainte pour 39% des sondés, 35% estimant qu’elle est ni l’une ni l’autre.
Cet espoir en l’Europe a été divisé par deux depuis décembre 2011 (50% contre 26% aujourd’hui), la tendance étant à la baisse depuis quatre ans.
«Ce désenchantement s’explique d’abord parce que nos citoyens pensent que l’action de l’Europe n’est pas efficace dans les domaines les plus importants à leurs yeux, notamment sur l’emploi et sur l’environnement... Ensuite, parce qu’elle serait un facteur d’aggravation des injustices sociales», signale M.Sliman.
Les grands gagnants et les grands perdants de l’Europe
Même si les Français pensent «qu’ils ont plutôt profité collectivement de la construction européenne, ils sont surtout persuadés que les cadres, les chefs d’entreprises ont été les grands gagnants alors que les ouvriers, les retraités et les agriculteurs en ont été les grands perdants».
À en juger d’après cette enquête, les Français ne voient pas en rose l’avenir de l’Europe. 62% des Français (65% pour les jeunes de 18 à 34 ans) s’attendent à ce que de grands pays historiques sortent de l’UE, à l’instar du Brexit.
La crainte du séparatisme et de l’autoritarisme
82% affirment qu’il y aura davantage à l’avenir de mouvements de contestation populaire et respectivement 65% prévoient une montée de volontés séparatistes au sein de grands pays de l’Union, comme la Catalogne avec l’Espagne. 70% pensent que le pouvoir finira entre les mains de gouvernements dits «populistes» et/ou autoritaires.
À l’aube du troisième millénaire, «la jeunesse française rêvait de vivre l'Auberge espagnole de Romain Duris, 20 ans plus tard elle semble craindre que l'Europe ne lui rejoue le Grand dictateur de Charlie Chaplin», résume le président d’Odoxa.