Mercredi 19 février, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a répondu à plusieurs questions des internautes, sélectionnées sur les réseaux sociaux. À la question «Pourquoi refusez-vous un référendum sur la réforme des retraites?», elle a répondu que pour un «projet de loi d’une telle complexité, ça reviendrait à faire 65 référendums». Cette «fake news» a été analysée par les décodeurs du Monde et Checknews de Libération.
#ASKPPG : ça continue !
— Sibeth Ndiaye (@SibethNdiaye) February 19, 2020
« Pourquoi refusez-vous un référendum sur la réforme des retraites? » (Twitter) pic.twitter.com/hY2iJvyU3l
Sur cette affirmation à proprement parler, Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste, a expliqué au Monde qu’un tel référendum était tout à fait possible puisqu’il «entre a priori dans le champ social» et qu’il ne faudrait évidemment pas autant de référendums que d’articles.
De son côté, Libération a estimé que les propos de la porte-parole n’étaient pas à prendre au premier degré. Elle aurait voulu faire passer l’idée qu’il était difficile de se prononcer sur un tel sujet simplement par oui ou non. C’est cette version que Sibeth Ndiaye a confirmé plus tard dans un tweet posté à la suite de ses réponses aux internautes.
Une réponse binaire à un problème complexe n’est jamais souhaitable. La réforme des retraites soulève une grande diversité de sujets, de l’amélioration des droits des femmes à l’accompagnement des métiers pénibles en passant par la mise en place d’un équilibre financier.
— Sibeth Ndiaye (@SibethNdiaye) February 20, 2020
Un sujet trop compliqué pour en faire un référendum?
La porte-parole du gouvernement laisse ainsi penser que le projet de loi sur les retraites est trop «complexe» pour que les Français puissent s’exprimer «de façon binaire» sur le sujet. Pourtant, les citoyens se sont déjà exprimés par le passé sur des textes plus longs et complexes que celui de la réforme des retraites.
En 1992, les Français ont approuvé le traité de Maastricht et ses 248 articles. En 2005, le référendum sur la Constitution européenne portait sur un texte de 480 pages. Malgré un «non» majoritaire, le texte avait fini par être adopté, devenant le symbole de la méfiance du peuple à l’égard des élites. Enfin, le texte de la Constitution, de 89 articles, avait également été soumis au référendum en 1958.
La raison invoquée par Sibeth Ndiaye ne peut donc être valide. À l’Assemblée, le texte pourrait même passer sans le vote des députés en utilisant le 49.3. Ce fameux article est de plus en plus évoqué face à l’impossibilité de passer en revue, avant les municipales, les 41.000 amendements concernant le projet de loi déposés majoritairement par LFI et le Parti communiste.