Alger est en colère, très en colère. L’inauguration, mardi 18 février, par la Côte d’Ivoire d’un consulat général à Laâyoune, capitale du Sahara occidental sous autorités marocaine, a conduit au rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Abidjan «pour consultations». Par ce rappel, le gouvernement algérien a tenu à dénoncer l’ouverture dudit consulat, ainsi que les propos d’Ally Coulibaly, le ministre ivoirien de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’Extérieur, qui a affirmé que son pays était un fervent défenseur de «la marocanité du Sahara».
«Le ministère des Affaires étrangères a décidé de rappeler, pour consultations, l’ambassadeur d’Algérie en Côte d’Ivoire, suite aux déclarations sibyllines et insidieuses du ministre de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, lors de l’ouverture d’un prétendu consulat de Côte d’Ivoire à Laâyoune, au Sahara occidental.
Said Layachi estime que la réaction d’Alger «n’est pas épidermique»:
«L’Algérie a eu une réaction conséquente, car elle reste dans le cadre de l’Union africaine. Cette ouverture est une offense envers la République arabe sahraouie démocratique, qui est membre fondateur de l’UA», réagit le président du Comité national de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), au micro de Sputnik.
Il rappelle que la Côte d’Ivoire est le septième pays après l’Union des Comores, le Gabon, la Guinée, la Gambie, Sao Tomé-et-Principe et la République centrafricaine à ouvrir des postes consulaires dans les territoires du Sahara occidental sous autorité marocaine. Des pays, selon lui, «qui n’aident pas à la résolution d’un conflit africain et qui ne font que parasiter ce dossier».
«C’est une véritable pagaille diplomatique. Depuis déjà quelques années, le Maroc a entrepris une stratégie de normalisation de l’occupation du Sahara occidental c’est-à-dire banaliser sa présence dans ce territoire dans une logique de fait accompli. Il est apparu récemment que des pays africains ont perdu leur droit de vote au sein de l’Onu pour ne pas avoir honoré leurs cotisations. Le Maroc a donc payé pour certains d’entre eux en leur demandant, en contrepartie, d’ouvrir des consulats. Il faut savoir que certains de ces pays n’ont même pas d’ambassade au Maroc. De plus, la mission d’un consulat est de veiller à la sécurité et aux droits de ses ressortissants dans un pays étranger. Or il n’y a aucun ressortissant de ces pays au Sahara occidental», souligne Said Layachi.
«Il faut dire aussi que cet acte honteux n’a absolument aucune importance légale et ne change en rien les faits sur le terrain. La République sahraouie est un membre fondateur de l’Union africaine et elle est là pour rester, le Maroc est toujours une force d’occupation militaire d’une partie du pays. Et ces pays ne peuvent pas, par leur acte, donner au Maroc une souveraineté sur le Sahara occidental», ajoute Malainin Lakhal à notre micro.
Cette affaire des consulats dans les territoires sahraouis sous autorité marocaine pourrait prendre la forme d’une crise multidimensionnelle entre d’un côté, le gouvernement sahraoui et son principal allié –l’Algérie– et de l’autre, le Maroc et certains pays africains qui ont fait le choix de s’impliquer ouvertement dans le dossier très sensible du Sahara occidental. La crise devrait également prendre de l’ampleur au sein même des instances de l’Union africaine.