L’avertissement de l’OCDE est clair. L’Organisation de coopération et de développement économiques a publié en milieu de semaine un rapport pointant le montant record d’obligations émises par les entreprises du globe: 13 500 milliards de dollars à la fin de l’année 2019. D’après l’OCDE, «depuis 2008, le montant moyen des levées d’obligations d’entreprises s’élève à 1 800 milliards d’euros par an». Un montant qui représente le double de celui enregistré entre 2000 et 2007. «Les volumes d’émissions d’obligations d’entreprises ont bondi, pour atteindre 2 100 milliards de dollars, égalant ainsi le record de l’année 2016», ajoute le rapport.
Le niveau record de la dette obligataire des entreprises préoccupe l'OCDE. Le montant des obligations émises par les entreprises au niveau mondial atteint 13.500 milliards de dollars. Un niveau inédit qui préoccupe l'OCDE car la qualité moyenne de crédit des emprunteurs a baissé.
— Alain Vilard (@alain_vilard) February 21, 2020
Les politiques ultra-accommodantes de nombreuses Banques centrales à travers la planète, Réserve Fédérale américaine (FED), Banque centrale européenne (BCE) et Banque du Japon (BoJ) en tête, ne sont pas étrangères à cette frénésie emprunteuse. Aux États-Unis, la FED a recommencé à baisser ses taux, notamment sous la pression de Donald Trump, après les avoir remontés à plusieurs reprises. En Europe, la BCE a injecté plus de 2 600 milliards d’euros dans l’économie depuis 2015 via son programme de rachat d’actifs ou «quantitative easing».
«Si les taux d’intérêt repartent à la hausse ou qu’une dégradation de l’économie vient réduire les rentrées d’argent des entreprises, elles subiront une pression à la baisse sur leur notation.»
Un tel contexte pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’économie. D’après les projections de l’OCDE, sur un an, ce ne sont pas moins de 261 milliards de dollars d’obligations notées BBB qui sont susceptibles de basculer dans la catégorie des «obligations-poubelles», avec un possible effet immédiat pour les entreprises en question:
«Certains investisseurs ne peuvent en effet détenir des titres n’appartenant pas à la catégorie investissement et devront céder les titres tombés en catégorie spéculative. D’autres, appliquant des stratégies de gestion passive, reproduisent fidèlement la composition des indices de crédit. Si des titres moins bien notés sortent des indices, ils sont tenus de les vendre», expliquent nos confrères des Échos.
Tout ceci pourrait entraîner un mouvement de panique sur les marchés avec un grand nombre d’entreprises cherchant à se débarrasser d’obligations «pourries». Un mécanisme que l’on a pu voir à l’œuvre lors de... la crise des Subprimes.