Intelligence artificielle: «son impact, c’est d’orienter les électeurs vers tel ou tel candidat»

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Le fiasco des bugs dans le caucus Démocrate de l’Iowa pose la question de l’impact de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies sur la démocratie. Emmanuel Goffi, directeur du Centre de recherche en éthique et intelligence artificielle à L’École des Relations Internationales, en analyse les enjeux avec Rachel Marsden.

Le Parti démocrate américain a tenté d’utiliser de nouvelles technologies lors de la première phase des primaires –le caucus– dans l’Iowa. Un scrutin examiné à la loupe, qui donne la tonalité de la campagne à venir.

Bilan? Un fiasco qui a abouti à jeter la défiance sur le résultat du scrutin. Emmanuel Goffi, directeur du Centre de recherche et expertise en éthique et intelligence artificielle à L’École des Relations Internationales, explique en quoi l’application utilisée est en cause:

«Le problème, c’est qu’elle a été développée très rapidement, avec très peu de moyens financiers. Il y a eu tout un tas d’erreurs qui ont été faites, notamment dans la programmation. Ce n’est pas parce que c’est une application d’intelligence artificielle qu’elle est forcément intelligente.»

Ensuite, lors du débat entre les candidats Démocrates lors de la primaire du New Hampshire, un outil prédictif a analysé les échanges et les réactions d’un échantillon de 11.227 personnes et a déterminé que c’était Pete Buttigieg qui avait gagné le débat. Pourtant, c’est Bernie Sanders qui a remporté le scrutin. D’après Goffi, ce genre d’outil serait capable d’influencer les résultats électoraux:

«L’impact, c’est d’évidement d’orienter les électeurs vers tel ou tel candidat, puis de donner des informations sur ce qui risque de se passer. Donc l’impact essentiel, c’est globalement que quand les gens voient ces prédictions qui sont faites par de l’intelligence artificielle, qui sont faites par des outils technologiques, donc qui supposés être fiables et légitimes, eh bien, des gens vont réagir en fonction de ses résultats.»

Est-ce qu’on devrait donc s’en passer? Goffi dit que la boîte de Pandore est déjà ouverte:

«Les gens qui disent que c’est bien ou que ce n’est pas bien, c’est très intéressant, c’est un débat intellectuel, mais qui n’a pas grande utilité. Pas plus d’utilité que quand on parle de la globalisation et est-ce qu’il faut opposer ou ne pas s’y opposer.»
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