La Cour d’appel d’Angleterre a déclaré que les mariages islamiques, connus sous le nom de nikah, n’en étaient pas au regard du droit britannique. Cette décision casse un précédent jugement de la Haute Cour, qui avait déclaré ces unions valides en 2018.
Cet arbitrage pourrait avoir des conséquences pour de nombreux couples musulmans, qui se croient légalement mariés. Mais leur mariage n’est légal que s’ils acceptent de contracter une union civile en plus de l’union religieuse, comme l’explique l’avocat Charles Hale au Guardian:
«Cela signifie que beaucoup de couples n’ont aucun droit dans le cadre de ce qu’il croit être leur “mariage”. Aucun droit à la séparation des biens, aucune obligation d’entretien de la part du conjoint».
La délicate question du divorce
Le Guardian précise encore que l’une des singularités du mariage islamique est la facilité avec laquelle les maris peuvent décréter le «triple talaq», ou divorce instantané, même par téléphone ou sur les réseaux sociaux.
«Il est plus facile de mettre fin à ces mariages qu’aux mariages légalement enregistrés. Le fait de divorcer est moins stigmatisant. C'est une tendance inquiétante» explique Aina Khan, spécialiste de la loi islamique au quotidien britannique.
L’arbitrage de la Cour d’appel place donc les femmes musulmanes dans une situation délicate, estime Pragna Patel de l’association Southall Black Sisters, qui se bat contre les violences conjugales et les mariages forcés:
«Le jugement rendu aujourd'hui forcera les femmes musulmanes à recourir aux tribunaux de la charia pour obtenir réparation, ce qui fait déjà beaucoup de tort aux femmes et aux enfants».
61% des mariages non suivis de cérémonie civile
Un sondage réalisé par la chaîne de télévision Channel 4 en 2017, révélait qu’au Royaume-Uni, la quasi-totalité des femmes musulmanes mariées étaient passées par un nikah. Mais 61% des mariages islamiques contractés n’avaient pas été suivis d’une cérémonie civile, en vue de légaliser l’union.