Un site a diffusé mercredi 13 février au soir une vidéo intime et des messages connotés adressés à une femme, affirmant qu'ils émanaient de l'ancien porte-parole du gouvernement. Le jour suivant, Benjamin Griveaux a annoncé son retrait de la course à la mairie de Paris.
La publication de ces deux courtes séquences a provoqué une réaction globalement ferme parmi les responsables politiques de tous bords.
Édouard Philippe exprime son «soutien»
Édouard Philippe a exprimé sa «sympathie» et son «soutien» à l'ancien porte-parole du gouvernement:
«La décision prise par Benjamin Griveaux, je la respecte, et j'aurai l'occasion de lui exprimer directement ma sympathie et mon soutien», a déclaré le Premier ministre en marge de la présentation de la liste qu'il mène aux élections municipales au Havre.
Appels au respect de la vie privée
Cédric Villani, l’un de ceux qui concurrençaient directement l’ancien candidat LREM, a adressé sur Twitter son «soutien» à Benjamin Griveaux et sa famille, dénonçant une «attaque indigne» et une «menace grave» pour notre démocratie.
J’adresse à Benjamin Griveaux, ainsi qu’à sa famille, mon soutien plein et entier dans cette épreuve. Je prends acte de sa décision difficile. L’attaque indigne qu’il subit est une menace grave pour notre démocratie.
— Cédric Villani (@VillaniCedric) February 14, 2020
La maire PS de Paris Anne Hidalgo, candidate à sa propre succession, a appelé «au respect de la vie privée et des personnes».
Ma réaction suite à la décision de retrait du candidat de La République en Marche. pic.twitter.com/7Px2vZNysK
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) February 14, 2020
Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a condamné pour sa part la publication «odieuse» «d'images intimes pour détruire un adversaire», en appelant ses militants à «ne participer d'aucune façon au règlement de compte dont Benjamin Griveaux fait l'objet».
Insoumis, ne participez d'aucune façon au règlement de compte dont Benjamin #Griveaux fait l'objet. La publication d'images intimes pour détruire un adversaire est odieuse. Refusons le naufrage voyeuriste de la vie publique du pays. Non, tous les coups ne sont pas permis.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) February 14, 2020
François de Rugy qui a démissionné après des révélations de Mediapart sur ses dépenses au ministère de l'Écologie, a dénoncé sur Twitter un «nouveau cap» franchi dans la «dégradation de notre vie publique».
Un nouveau cap est franchi dans la dégradation de notre vie publique, au prix de la violation du droit le plus élémentaire de tout citoyen à la protection de sa vie privée. Je sais la violence monstrueuse à laquelle Benjamin Griveaux est soumis. C’est insupportable.
— François de Rugy (@FdeRugy) February 14, 2020
Sur le même réseau social, Gilles Le Gendre a partagé son «soutien indéfectible» à Benjamin Griveaux. «Ce qui se passe depuis hier dépasse tous les enjeux partisans. Ce ne sont pas que Benjamin et sa famille qui sont salis. Mais la démocratie», a écrit le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale.
Soutien indéfectible @BGriveaux et confiance inconditionnelle @StanGuerini pour que notre mouvement @enmarchefr surmonte cette épreuve. Ce qui se passe depuis hier dépasse tous les enjeux partisans. Ce ne sont pas que Benjamin et sa famille qui sont salis. Mais la #démocratie.
— Gilles Le Gendre (@GillesLeGendre) February 14, 2020
«Peu importe ce qu'on pense de Benjamin Griveaux aujourd'hui, cette histoire est profondément dégueulasse, et inquiétante pour la suite. La politique, cela ne doit pas, cela ne peut pas être ça. Ressaisissons-nous collectivement ou nous allons tous nous noyer dans la fange», prévient aussi l'essayiste et eurodéputé de gauche Raphaël Glucksmann.
Peu importe ce qu’on pense de Benjamin Griveaux aujourd’hui, cette histoire est profondément dégueulasse, et inquiétante pour la suite. La politique, cela ne doit pas, cela ne peut pas être ça. Ressaisissons-nous collectivement ou nous allons tous nous noyer dans la fange.
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) February 14, 2020
Nathalie Loiseau a condamné elle-aussi sur Twitter ces «attaques immondes».
«Le combat politique ne justifie pas de salir un homme ni de violer son intimité», a écrit la députée LREM au Parlement européen et tête de liste de la majorité aux élections de 2019.
Le combat politique ne justifie pas de salir un homme ni de violer son intimité. Il ne me vient q’un mot: ces attaques sont immondes. Le voyeurisme, l’inquisition et la violence qui inondent l’espace public sont des poisons pour notre société.
— Nathalie Loiseau (@NathalieLoiseau) February 14, 2020
Joachim Son-Forget ne regrette pas le retweet
Joachim Son-Forget, un député ex-LREM qui a relayé un lien vers un site qui pointait vers un article contenant les deux vidéos intimes de Benjamin Griveaux, dit ne rien regretter.
«Je ne regrette pas le retweet, je regrette tout ce qui se passe maintenant». «J'informe les gens, c'est mon devoir. C'est diffusé partout depuis des jours», a-t-il plaidé sur CNews.
Poursuites contre toute publication
L’affaire qui touche aujourd’hui Benjamin Griveaux est une forme de ce que l’on appelle le «pornodivulgation» ou encore «vengeance porno», c’est le fait de diffuser un contenu sexuellement explicite sans l’autorisation de la personne concernée.
Que les images aient été prises par la personne ou avec son autorisation importe peu: c'est désormais leur diffusion qui est punie.
Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, à propos de la diffusion des vidéos à caractère sexuel à l'origine du retrait de Benjamin Griveaux : «ces faits-là doivent être poursuivis» pic.twitter.com/nAnM6PBzCz
— CNEWS (@CNEWS) February 14, 2020
L'avocat de Benjamin Griveaux a fait savoir que l'élu de la majorité comptait «engager des poursuites contre toute publication» qui serait contraire au respect de sa vie privée.
«Il s'agit là, pour toute personne, d'un droit essentiel dont la violation est sanctionnée par le code civil et par la loi pénale», a indiqué dans un communiqué l’avocat Richard Malka.
Piotr Pavlensky derrière la diffusion
Piotr Pavlensky, un «artiste» russe réfugié à Paris, a assuré dans les pages de Libération être à l'origine de la diffusion de la vidéo intime de Benjamin Griveaux. Disant vouloir «dénoncer l’hypocrisie» de l’ex-porte-parole du gouvernement, il affirme tenir cette vidéo d'une «source qui avait une relation consentie» avec l'ancien candidat à la mairie de Paris.