L’Algérie peut-elle récupérer les fonds volés et transférés vers l’Europe?

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«Les États de l'UE n'ont pas la mainmise sur les comptes des personnes suspectées», a affirmé l’ambassadeur de l’Union européenne à Alger dans un point de presse, précisant que le rapatriement des fonds volés était «extrêmement difficile».

Au grand dam du Président algérien Tebboune qui avait fait du principe de la récupération des fonds volés à son pays son cheval de bataille lors de la campagne présidentielle de décembre 2019, soutenant qu’il «savait comment faire», deux diplomates de l’Union européenne (UE) à Alger ont affirmé mercredi 12 février devant la presse, que l’opération de rapatriement était compliquée au moins pour les fonds transférés vers les pays européens.

Ainsi, l’ambassadeur de l’UE en Algérie, John O'Rourke, a souligné que le rapatriement des «avoirs et des biens spoliés transférés vers des pays européens était extrêmement difficile», selon le site d’information Algérie 1. «Les États de l'UE n'ont pas la mainmise sur les comptes des personnes suspectées», a-t-il ajouté, rappelant que «la Tunisie avait initié au lendemain de la révolution de 2011 la même démarche mais sans résultats».

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De son côté, le chef adjoint de la mission de l'UE, Stéphane Méchati, a expliqué que dans les cas où la justice algérienne avait fourni des preuves sur l'existence de tels biens et avoirs détournés, «les États membres de l'UE se mettront à la disposition des pays plaignants». Ces démarches «seront longues et prennent beaucoup de temps», a-t-il précisé.

Dans une intervention, en 2015, au quotidien algérien El Watan, suite au scandale connu sous le nom de SwissLeaks, Ali Benouari, ancien ministre algérien du Trésor et expert international en finances, avait affirmé que «les estimations des fonds placés à l'étranger, liés à la corruption et à la surfacturation, dépasseraient les 100 milliards de dollars depuis le début des années 2000, tandis que les fortunes algériennes établies à l'étranger seraient de près de 200 milliards de dollars».

Une situation financière difficile

Lors de la présentation mardi 11 février du plan de son gouvernement à l’Assemblée populaire nationale (APN) algérienne, le Premier ministre Abdelaziz Djerad n’a pas fait dans la dentelle pour décrire la gestion du pays sous le Président déchu Abdelaziz Bouteflika. Il l’a qualifiée de «catastrophique». Le chef du gouvernement a par ailleurs dressé un tableau inquiétant de la situation financière et économique de l’Algérie.

Telle que soulevée par bon nombre d’experts et d’acteurs économiques nationaux, la situation financière et économique de l’Algérie est jugée «fragile» par le Premier ministre qui précise qu’elle reste largement tributaire des exportations des hydrocarbures et des fluctuations de leurs prix.

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Ainsi, M.Djerad a évoqué «l’aggravation du déficit budgétaire en 2019, la hausse du déficit de la balance commerciale à 10 milliards de dollars fin 2019, le recul des réserves de change de plus de 17 milliards de dollars [passant de 179 milliards de dollars en 2014, à 62 milliards en 2019, ndlr] et la hausse de la dette publique intérieure qui a atteint 45% du PIB contre 26% en 2017».

M.Djerad a également indiqué que cette situation avait été complexifiée par «l’incidence financière importante résultant des décisions et engagements pris en 2019 [par le gouvernement de Noureddine Bedoui, ndlr], qui s’élève à 1.000 milliards de dinars [7,7 milliards d’euros, ndlr], en l’absence des financements nécessaires à leur couverture».

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L’Algérie connaîtra en 2020 un déficit global comparable à celui de l’année 2019 (11,7 milliards d’euros, soit 7% du PIB), avait déclaré l’ex-ministre des Finances Mohamed Loukal lors de la présentation du projet de loi de finances 2020, laissant entendre que l’État pourrait recourir «le cas échéant» à la planche à billets durant l’année 2020.

Durant les 20 années au pouvoir du Président déchu Abdelaziz Bouteflika, l’Algérie a dépensé plus de 1.000 milliards de dollars, selon les chiffres annoncés par l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, actuellement en prison pour des affaires de corruption.

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