Qu’on le loue ou qu’on le déteste, Donald Trump fait au moins l’unanimité sur un point: il bouscule les codes de la politique. Mais quels codes exactement, et pourquoi?
📚🇺🇸 #EtatsUnis
— ChaireRaoulDandurand (@RDandurand) January 17, 2020
Mieux comprendre comment le 45e président américain a réinventé la façon de remporter le pouvoir puis la façon de l'exercer ?
« Revolution Trump » : le nouvel ouvrage de Rafael Jacob est disponible en librairie dès aujourd'hui.https://t.co/HjaGm9n0Ap pic.twitter.com/zQ4g4NULlx
Trump a-t-il initié une «révolution», le 16 juin 2015, lorsqu’il a officiellement annoncé sa candidature à la présidentielle américaine?
«Après avoir descendu l’escalier roulant doré de la Trump Tower en saluant des dizaines de supporters [...], l’homme d’affaires multimillionnaire livre un discours de trois quarts d’heure, aux antipodes de ce qui se fait normalement en politique. La réaction médiatique est immédiate: massive, hystérique et farouchement négative», écrit l’analyste en remémorant au lecteur ce jour devenu historique.
Le succès de Trump a été immédiat ou presque, explique le chercheur à la chaire d’études stratégiques Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal.
«Dès le départ, les adversaires de Trump n’ont pas su comment répliquer. Durant les primaires républicaines de 2016, Trump attaquait ses rivaux de façon sans précédent. Il ne s’agissait pas seulement d’attaques personnelles, mais d’attaques faites sous des angles inhabituels et inusités. Du jamais vu. Quatre ans plus tard, on assiste à quelque chose de très semblable. Trump a un talent remarquable pour cerner la faiblesse de ses adversaires», analyse Rafael Jacob à notre micro.
Dans son ouvrage, l’expert identifie le «branding» comme l’un des principaux atouts du Président américain. En marketing, le branding consiste à associer un produit avec l’image qu’on veut lui donner. Trump applique la logique en politique en collant des étiquettes négatives à ses adversaires, par exemple en parlant à répétition de Jeb Bush –son ancien rival aux primaires républicaines–, comme d’un homme à «basse énergie» (Low Energy Jeb).
«Le niveau d’énergie de Jeb Bush était rendu une véritable obsession durant les primaires républicaines de 2016. [...] On finit par ne voir que ces étiquettes... Plus récemment, Trump a répété à nouveau cette stratégie en parlant de Job Biden comme d’une personne endormie: il parle de "sleepy Joe", une référence à peine voilée à l’âge de l’ancien favori démocrate», précise le chercheur.
Sleepy Joe has no marbles left!
— Greatest President Ever! (@realTrumpForce) February 9, 2020
Last few left after America became more aware of the Millionaire Hunter and the 2 brothers. The Biden Family used Joe's office title to monetize the Biden Family!
Sad to see him failing so rapidly now! But he made his own bed!
Spécialiste de «l’étiquetage», Trump est aussi un redoutable improvisateur, un trait de caractère qui indispose parfois son personnel politique:
«L’improvisation est une technique qui fonctionne bien dans certains cas pour le Président Trump. C’est un personnage imprévisible. En même temps, il est très difficile pour ses alliés et propres employés de composer avec son style. La méthode Trump est une arme à double tranchant. Chose certaine, le style Trump est presque inimitable. C’est un style qui ne pourrait pratiquement pas être répliqué par un de ses adversaires», ajoute Rafael Jacob.
Au-delà des techniques à proprement parler, Trump continue surtout de se présenter comme le chantre du nationalisme américain, une recette qui fonctionne aussi très bien auprès de l’électorat.
«La question du mur à la frontière du Mexique est devenue un totem pour Trump: c’est une image très forte qui lui a collé à la peau. Ce n’est pas pour rien que Trump s’est autant battu pour faire financer ce mur. L’importance que revêt ce projet pour son propre "branding" est évidente. [...] Trump se pose en défenseur des frontières et de l’État-nation: c’est clairement associé à sa marque politique», précise M. Jacob.
Avec un tel trublion, à quel genre de campagne présidentielle peut-on s’attendre prochainement? Pour l’expert, Trump utilisera toutes les techniques dont il a prouvé l’efficacité, mais pourra aussi compter sur une meilleure organisation:
«Premièrement, le camp de Trump est beaucoup plus uni qu’il ne l’était il y a quatre ans. Deuxièmement, il y a la question de l’argent. Durant la dernière campagne présidentielle, Hillary Clinton a dépensé presque deux fois plus que Trump. Trump est maintenant mieux organisé sur le plan financier. Il mènera une campagne assez semblable, mais il le fera avec beaucoup plus de moyens», conclut le chercheur.