Titrée «Interpellation violente de la BAC», cette vidéo d'un «média indépendant et militant» enflamme les réseaux sociaux depuis ce week-end, totalisant lundi soir quelque 2,5 millions de vues.
Les images de 48 secondes montrent un jeune homme interpellé sans ménagement samedi au milieu de voyageurs alignés devant les parois vitrées de la gare de Bordeaux, dont des enfants.
Coup de pied entre les jambes
Un policier s'avance et désigne un homme: «Non, à gauche, à gauche!». Un autre policier court alors vers un autre homme porteur d'un bonnet vert, l'attrape par les vêtements et le tire au sol, avant de l'immobiliser tandis que son collègue lui assène un coup de pied dans le bas du corps, devant des badauds interloqués. Plusieurs enfants sont éloignés de la scène.
Reconstitution des plus belles années du Chili de Pinochet à #Bordeaux où la BAC aligne et tabasse les manifestants dans un déchaînement de violence qui n’a rien à voir avec du maintien de l’ordre
— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) February 8, 2020
Allô @CourPenaleInt 🆘 #GiletsJaunes #Acte65 #Barbares pic.twitter.com/Z7blmoZ0t7
Problème pour la police comme pour le parquet de Bordeaux : la séquence qui suscite l'émoi a été «tronquée des événements ayant précédé cette interpellation», affirment les services du procureur de la République à l'AFP.
Il «jetait des pierres»
Contacté par l'AFP, le directeur départemental de la sécurité publique de la Gironde, Patrick Mairesse, explique que le jeune homme au bonnet avait été auparavant vu par un policier en train de «jeter des pierres» en direction des forces de l'ordre, dans le secteur de la gare, alors en proie à «beaucoup d'agressivité». «Un hélicoptère l'avait précédemment filmé en train de récupérer des objets sur un chantier», a précisé le parquet de Bordeaux à l'AFP.
«Oui, il est interpellé au milieu de badauds, mais c'est lui qui s'est dissimulé au milieu d'eux pour éviter d'être interpellé», a justifié le chef de la sécurité publique.
«Le policier a effectué un balayage qui consiste à mettre à terre une personne pour qu'elle soit menottée plus facilement: ce geste fait partie des techniques appropriées et réglementaires», a-t-il détaillé.
Le parquet a précisé que le jeune homme n'avait pas déposé plainte. Remis en liberté hier soir, il devait être réentendu lundi en garde à vue.
Les autorités s'attendaient à la venue d'éléments «agressifs», des «ultra-jaunes», pour cet acte 65 des «gilets jaunes» à Bordeaux, marqué par un regain de participation (800 personnes) et émaillé de heurts et de dégradations dans le centre-ville, aboutissant à 29 gardes à vue.
Violence de ce début d’année
Les images du croche-pied, comme d'autres captées lors des récentes manifestations contre la réforme des retraites, ont pour certaines donné lieu à l'ouverture d'enquêtes judiciaires. Et provoqué une nouvelle vague d'accusations contre les violences policières, un terme réfuté depuis plus d'un an par l'exécutif et le début de la contestation des «gilets jaunes».
En ce début d'année, elles s'ajoutent à la mort d'un père de famille de 42 ans travaillant comme livreur, le 3 janvier, victime d'une asphyxie avec une fracture du larynx, aux abords de la Tour Eiffel après avoir été plaqué au sol, casque sur la tête, par plusieurs policiers lors d'un contrôle routier houleux. Sa famille a été reçue mardi par le ministre.