Lors d’un point presse tenu mardi 4 février à Genève, le chef de la mission des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé, a annoncé que des pourparlers étaient en cours depuis lundi entre les deux camps en conflit en Libye. Ainsi, selon le diplomate onusien, de hauts responsables militaires des deux parties ont entamé des négociations indirectes, selon la formule «5+5» définie à la Conférence de Berlin sur la Libye.
Dans un entretien accordé à Sputnik, l’ex-ministre libyen de l’Économie dans le gouvernement d’Ali Zeidan (2012-2014), Mustafa Abofanas, a expliqué que la condition sine qua non pour que ces pourparlers aboutissent est que le maréchal Khalifa Haftar accepte «de revenir aux positions qu’il occupait» avant l’assaut lancé sur Tripoli. Il a par ailleurs décrypté l’incidence de l’ingérence étrangère en Libye.
Quelle chance pour les pourparlers de Genève?
Et d’expliquer que «nous étions dans un processus politique sous les auspices de l’Onu qui allait aboutir à la paix et à l’organisation d’un congrès regroupant toutes les parties libyennes prévu pour le 14 avril 2019 dans la ville de Ghédamès, en Libye». «Sauf que Khalifa Haftar, 10 jours avant cette réunion, a tout renié et a lancé un assaut sur la capitale libyenne dont il contrôle actuellement plusieurs positions».
Dans ces conditions, ajoute l’ex-ministre «nous ne pouvons pas accepter le fait accompli. Et malheureusement, la mission des Nations unies, particulièrement son chef Ghassan Salamé, ne sont plus crédibles pour conduire ce processus vu qu’ils se sont soumis aux pressions de certaines parties étrangères qui soutiennent Haftar, et donc ne sont plus neutres». «Tous les Libyens des marches populaires en soutien au processus de paix demandent au secrétaire général de l’Onu de remplacer Ghassan Salamé», souligne-t-il.
Qu’en est-il de l’ingérence étrangère?
À contrario, l’interlocuteur de Sputnik fait savoir que «ceux qui soutiennent Khalifa Haftar, en l’occurrence l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la France, le font d’une manière clandestine et dans le cadre d’accords inavoués dont on ne connait pas la consistance». Ceci en plus du fait que «ces pays tout comme Haftar nient l’existence de ce soutien en armes et en mercenaires».
Quel avenir pour la Libye?
«La Libye dispose d’un énorme potentiel qui peux lui permettre de sortir de sa situation rapidement en établissant des partenariats avec tous les pays qui le désirent», assure M.Abofanas.
Mais pour que ça puisse se réaliser, «il faudrait que Haftar, qui s’est fait une réputation de sauveur de la Libye contre les organisations terroristes, ce qui n’est pas du tout le cas, soit stoppé». «Haftar ne combat pas le terrorisme en Libye et il ne l’a jamais fait, par contre il considère tous ceux qui sont contre lui comme des terroristes», avance-t-il, soutenant que «ce sont ses actes qui ont créé le contexte favorable à la prolifération d’organisations terroristes en Libye».