«On fait plus confiance aux historiens qu’aux politiciens, trop versatiles»

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Face aux révisions récentes d’épisodes clés de la Seconde Guerre mondiale, une fondation historique russe initie la création d’une ressource commune de documents historiques liés à la période. Son directeur exécutif explique le projet à Sputnik.  

À l’occasion de l’inauguration d’une exposition «Les routes de la Victoire. Les Juifs soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale» au Centre de Russie pour la science et la culture (CRSC) à Paris, Alexandre Kuznetsov, représentant permanent de la Russie auprès de l'Unesco, a souligné que «l'interprétation de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale est devenue l'un des problèmes politiques les plus urgents» en Europe, mais surtout que «ces discussions sont déjà loin de la science historique».

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Effectivement, ces derniers temps, plusieurs déclarations d’hommes politiques telles que celles du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, qui accuse Moscou de «mensonges délibérés» sur les années précédant la Seconde Guerre, ou encore celles du Président ukrainien Volodymir Zelensky qui désigne l’URSS comme «déclencheur» de cette guerre, ont mis à mal une vision claire de cette période historique et ont provoqué plusieurs réactions fébriles au plus haut niveau politique.

Konstantin Moguilevski, le directeur exécutif de la Fondation russe «L’Histoire de la Patrie», explique à Sputnik comment les historiens professionnels essayent d’«influencer le débat public», notamment à travers les expositions organisées par la fondation des documents liés à la libération par l’Armée rouge de plusieurs pays de l’Europe de l’Est.

«Ces expositions attirent l’intérêt des habitants et des médias. On écoute les historiens et on leur fait plus confiance qu’aux politiciens, trop versatiles», assure Konstantin Moguilevski.

Et la fondation ne chôme pas: en Russie, un centre d’archives et d’analyse de documents liés à la Seconde Guerre mondiale vient d’être créé.

«Il s’agit de constituer une ressource virtuelle centralisée d’archives pour tous ceux qui s’intéressent à cette période historique, précise Konstantin Moguilevski. Les efforts de toutes les associations volontaires et de toutes les fondations devraient être unis pour avoir, en perspective, une source commune de documents.»

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Le but est de créer un accès aux facsimilés des documents gardés dans les archives, aux documents générés pendant la guerre «pour permettre aux gens de porter leur propre jugement sur l’histoire». La Fondation entend proposer une sorte de «pool commun de documents historiques, de témoignages et de mémoires qui nous réunira».

«Les historiens ne divergent pas trop sur leur appréciation des événements de cette période. Mais on observe en revanche les tentatives amorales des politiciens qui essayent de gagner des points sur la mémoire historique. La façon la plus sûre de s’opposer aux falsifications, aux révisions et au dilettantisme, c’est de revenir à la racine, à la source documentée», conclut Konstantin Moguilevski.

L'exposition «Les routes de la Victoire. Les Juifs soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale», organisée avec le concours de Rossotrudnichestvo (l'Agence fédérale sur le contrôle dans la sphère de l'enseignement et la science) et de la fondation américaine Blavatnik Archive restera ouverte aux visiteurs dans les murs du Centre russe pour la science et la culture à Paris du 30 janvier au 10 avril.

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