La ministre de la Justice a été obligée de s’expliquer après sa prise de position concernant Mila, une adolescente menacée de mort sur Internet pour ses propos contre l’islam. Invitée le 29 janvier sur Europe 1, Nicole Belloubet avait souligné que «l'insulte à la religion, c'est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c'est grave, mais cela n'a pas à voir avec la menace.»
La garde des Sceaux a réitéré le 30 janvier ses dires auprès de BFM TV:
«Je reconnais volontiers que mon expression a pu être maladroite ou lapidaire».
La ministre a poursuivi en affirmant qu’elle regrettait deux points principaux:
«D'une part, je n'ai pas voulu remettre en cause le droit de critiquer la religion, […] et d'autre part, j'ai voulu dire que dans notre démocratie, les injures ou les discriminations à raison de l'appartenance religieuse, c'est une infraction et que cette infraction pouvait être grave parce qu'elle conduisait à la haine et au rejet de l'autre.»
Et d’insister sur le fait qu’elle estime que «dans notre démocratie, la haine ou le rejet de l'autre, ce n'est pas possible».
Avant les explications de Mme Belloubet, de nombreux politiques, dont notamment Jean-Luc Mélenchon ainsi que des utilisateurs des réseaux sociaux, avaient dénoncé ses propos sur Europe 1.
#Belloubet parle comme elle agit : tout faux ! Même les religieux du Concordat en Alsace-Moselle ont demandé l'abolition de la répression du blasphème. Bigoterie et autoritarisme marchent ensemble.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) January 29, 2020
Pas de délit de blasphème en France, selon Castaner
«Il n'existe pas, dans ce pays, [...] il n'existera jamais sous l'autorité de ce gouvernement, de délit de blasphème.»
Et de poursuivre que «la liberté même d'expression, dans notre pays, permet à chacune et chacun de pouvoir critiquer une religion»:
«La jeune Mila peut parfaitement critiquer, [...] et il est inacceptable, insupportable même, que certains, au nom de l'institution qu'ils représentent, ait pu laisser penser que cela était interdit.»
Affaire Mila
Elle s’est ensuite excusée sur Twitter, soulignant qu'elle ne voulait «offenser personne» et qu'elle avait «parlé trop vite», «l'erreur» étant «humaine».
Le parquet de Vienne a ouvert deux enquêtes, dont l’une devait viser l’adolescente pour «provocation à la haine raciale», finalement classée sans suite le 30 janvier. L’objectif de la seconde, toujours en cours, est de retrouver les auteurs des menaces de mort.