La Bundeswehr serait gangrenée par l’extrémisme. C’est ce que suggère le service de contre-intelligence militaire allemand (MAD), qui a annoncé auprès du Welt am Sonntag l’ouverture d’une enquête concernant 550 soldats soupçonnés d’adhérer à des idéologies néonazies. La plupart d’entre eux feraient partie de l’unité des forces spéciales, la Kommando Spezialkräfte (KSK).
Rien que l’année dernière, 360 nouveaux cas avaient élargi la liste des personnes suspectées, selon le MAD, qui évoque une situation alarmante. La KSK compterait à elle seule cinq fois plus de cas que le reste de la Bundeswehr. Les enquêteurs ont observé chez plusieurs de ces soldats une vision du monde antidémocratique et un manque de respect de la constitution.
«Notre objectif n’est pas seulement de se débarrasser de l’extrémisme dans l’armée allemande, mais aussi de s’affranchir des personnes qui manquent de loyauté envers la constitution», a déclaré le directeur du MAD, Christof Gramm, cité par la Deutsche Welle.
Un cas identifié en 2017 a éveillé les soupçons
La MAD avait été critiquée en 2017 pour ne pas avoir identifié à temps l’extrémisme d’un soldat allemand de 29 ans. Franco A. s’était fait passer pour un réfugié syrien et prévoyait de commettre un attentat. Il espérait ainsi que l’attaque serait associée au terrorisme islamiste. La police avait découvert de nombreuses armes de guerre volées et des engins explosifs à son domicile.
«Cela a été le signal déclencheur pour développer entièrement le MAD», a commenté Gramm. Le service de contre-intelligence a alors commencé à identifier des groupes extrémistes et des personnes insuffisamment loyales envers la constitution. Son directeur a cependant affirmé qu’aucun de ces groupes n’avait la volonté de «renverser le pays».
Pour la première fois depuis sa création, le MAD publiera un rapport officiel sur ses activités de contre-espionnage militaire.