L’assassinat de Qassem Soleimani et les frappes iraniennes sur deux bases abritant des soldats américains en Irak ont fait bondir les prix du pétrole et des métaux précieux. Alors que les tensions étaient à leur comble, le baril de Brent a franchi la barre des 70 dollars et l’or a affiché la plus importante hausse depuis sept ans. Quant aux indices boursiers, ils ont, au contraire, dégringolé, mais pas pour longtemps. Le message d’apaisement envoyé par Trump, qui après avoir promis de frapper 52 sites iraniens a fini par promettre une réponse économique, et la certitude de plusieurs analystes que les parties s’abstiendraient de toute escalade ont propulsé l'indice américain S&P 500 vers de nouveaux sommets.
Une récession en vue?
Cependant, Nouriel Roubini, l'économiste qui avait notamment anticipé la crise financière de 2008, juge qu’un tel point de vue est trop optimiste. Il estime que l’Iran possède aussi bien les capacités que les raisons d’aspirer à une escalade, car elle débouchera sur une flambée des prix du pétrole et sur la récession mondiale qui en découlerait.
«L’hypothèse autour de ce qu’un conflit signifierait pour les marchés est tout aussi défaillante. Bien que les États-Unis soient aujourd’hui moins dépendants du pétrole étranger qu’hier, une hausse des cours même modeste pourrait entraîner un plus large ralentissement, voire une récession, comme dans les années 1990», écrit-il dans un article paru dans Project Syndicate.
Selon lui, le choc des cours du pétrole portera un coup dur pour les dépenses privées américaines et la croissance ralentirait. D’autres grands importateurs d’or noir, tels que le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, la Turquie et la plupart des pays européens, seraient également touchés.
«Enfin, même si les banques centrales n’élevaient pas les taux d’intérêt à la suite d’un choc pétrolier, elles ne disposeraient pas non plus d’une marge importante dans un nouvel assouplissement des politiques monétaires», estime-t-il.
Possible blocus du détroit d’Ormuz
«Ainsi, une hausse même modeste du cours du pétrole jusqu’à un niveau de 80 dollars le baril conduirait à un épisode baissier durable, qui verrait les actions américaines et mondiales chuter d’au moins 10%, ce qui mettrait à mal la confiance des investisseurs, des entreprises et des consommateurs», prévient l’économiste.
Et si Nouriel Roubini évalue à seulement 20% la probabilité d’une guerre à grande échelle entre Washington et Téhéran, les chances de retour au statut d’avant l’assassinat de Soleimani sont encore plus faibles, quelque 5%, estime-t-il.