Le ministère russe des Affaires étrangères s’est dit «extrêmement déçu et sérieusement préoccupé» par la décision de Paris, Berlin et Londres de saisir la commission mise en place dans le cadre du mécanisme de résolution des différends créé par l'accord de Vienne afin de contraindre l’Iran à respecter ses engagements.
«Nous ne voyons aucune raison pour une telle démarche. Nous n'excluons pas la possibilité que les actions irréfléchies de la troïka européenne puisse conduire à une nouvelle escalade autour du JCPoA [accord de Vienne, ndlr] et rendre impossible le retour vers l’accord nucléaire dans ses conditions initiales, ce que la troïka cherche prétendument», indique un communiqué de la diplomatie russe.
Le ministère rappelle que le mécanisme a été créé «à des fins complètement différentes».
«Les raisons des problèmes de mise en œuvre du JCPoA sont largement connues et ne sont pas liées à l'Iran. Lorsque le mécanisme a été développé, personne n'aurait imaginé que le JCPoA serait unilatéralement rompu par les États-Unis», souligne le ministère.
Moscou estime que la décision de Téhéran de s’affranchir des limites fixées par l’accord de Vienne était une réaction aux actions des États-Unis et que le programme nucléaire iranien reste toujours sous contrôle complet et profond de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
«L'Iran respecte pleinement le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), met en œuvre l'accord avec l'AIEA sur les garanties globales et applique le Protocole additionnel. La transparence des activités nucléaires de l’Iran est un élément clé de tout l’accord nucléaire», poursuit Moscou.
En fin de communiqué, la diplomatie russe a exhorté la troïka européenne «à ne pas aggraver la situation et à abandonner les mesures qui remettent en question les perspectives de l'accord sur le nucléaire iranien».
L’annonce du trio européen
Tout en espérant «ramener l’Iran au plein respect de ses engagements au titre du JCPoA» et ne voulant pas rejoindre «la campagne visant à exercer une pression maximale contre l’Iran», la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont annoncé ce mardi 14 janvier leur décision de saisir la Commission conjointe dans le cadre du mécanisme de règlement des différends, conformément aux dispositions du paragraphe 36 de l’accord.
Cette mesure suit l’annonce faite le 5 janvier par Téhéran, où il déclarait ne plus se sentir tenu à aucune limite «sur le nombre de ses centrifugeuses» utilisées pour la production de combustible nucléaire. La décision de l’Iran a été prise deux jours après l’assassinat ordonné par Donald Trump du général Qassem Soleimani à Bagdad, par un tir de drone américain.