Action des avocats au Palais de Justice: «Belloubet est obligée de se bunkeriser»

© AFP 2023 NICOLAS CLAICHDes avocats français jettent leur robes par terre face à Nicole Belloubet, Garde des sceaux, lors de la visite de la ministre à Caen, le 8 janvier 2020
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À Paris, les avocats ont jeté leurs robes à terre, après que les forces de l’ordre les aient empêchés de rencontrer la Garde des Sceaux, dans «leur Palais de Justice». En exclusivité, David Van der Vlist, secrétaire général du Syndicat des Avocats de France raconte à Sputnik sa participation à l’action.

«Belloubet Démission!» résonnait à midi, ce 10 janvier, sous les voûtes du Palais de Justice de Paris. En effet, une action d’avocats au sein du Palais de Justice, s’est soldée par une garde à vue, après que les forces de l’ordre les aient empêchés de rencontrer la ministre de la Justice.

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«Le culte de l’honneur, le respect de la justice, voilà ses seules règles [du métier d’avocat, ndlr], et ce sont les choses qu’il n’est pas aisé de railler»: une raison, d’après les critiques, pour laquelle Molière n’a pas joué d’avocat. Visiblement, le métier n’a guère changé en quatre siècles. Une vague de protestations au sein des tribunaux parcourt la France: le geste-choc des avocats du barreau qui jettent leurs robes par terre à Caen, à Lyon, à Bordeaux… Et maintenant à Paris, où les avocats se sont allongés d’abord par terre, pour ensuite jeter leurs robes.

​David Van der Vlist, avocat en droit du travail et secrétaire général du Syndicat des Avocats de France (SAF) a participé à l’organisation de l’action et était présent sur place. Il considère que l’incident «est révélateur d’un ras-le-bol de la profession d’avocat».

«On n’est pas entendus, commente pour Sputnik David Van der Vlist. On est face à un projet complètement déconnecté de la réalité et qui risque de faire couler beaucoup de petits cabinets d’avocats. Alors même que le système de retraite des avocats ne coûte rien au reste de la population… C’est l’inverse: chaque année, on reverse 100 millions d’euros au régime général.»

​Le projet de réforme du régime de retraites autonome des avocats a suscité cette semaine la protestation massive des barreaux de France, qui ont appelé à une grève nationale. Fait historique, cette fois-ci, 100 % des barreaux de France sont concernés par une action de contestation de la réforme des retraites où «la mobilisation a commencé en septembre».

«Ça fait une semaine que tous les barreaux de France sont en grève –c’est du jamais vu, assure David Van der Vlist. Vous avez des actions très fortes: à Nîmes, les avocats font une chaîne humaine autour des Arènes. Il y a des actions dans tous les tribunaux et des Cours d’assises sont empêchées».

On se retrouve avec de Tribunaux bloqués, comme à Lille, à Toulouse, il n’y a plus d’intervention de comparution immédiate, plus de permanences: le mouvement des robes noires, qui refusent de cotiser plus pour gagner moins à la retraite, a des répercussions sur toute l’activité judiciaire.

«Ce qui se passe à Paris n’est pas anodin, confirme David Van der Vlist. Il y a très longtemps qu’on n’a pas eu d’action de cette force et de cette ampleur au Tribunal de la grande instance au Palais de Justice».

​Les forces de l’ordre ont empêché des avocats d’aller à la rencontre Nicole Belloubet, la Garde des Sceaux, dans la Grand-chambre de la Cour de cassation, où elle se trouvait pour l’audience solennelle de rentrée de la plus haute juridiction française.

«Nous avons une ministre de la Justice complètement déconnectée du monde judiciaire et qui est obligée de se bunkeriser, parce qu’elle ne supporte plus de dialoguer avec la profession d’avocat», s’insurge David Van der Vlist.

Mais surtout, le secrétaire général du Syndicat des Avocats de France trouve «inquiétant» qu’une personne «présente pour une action militante dans son tribunal soit arrêtée»: un éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse vient d’être placé en garde à vue au Commissariat du IVe arrondissement de Paris.

«C’est extrêmement grave qu’on ait utilisé les gendarmes pour nous empêcher de passer dans notre propre Palais de Justice», s’insurge David Van der Vlist au micro de Sputnik.
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