Une menace imminente pourrait faire sombrer l'industrie mondiale de 20.000 milliards de dollars

© Photo pixabay / Chris_LeBoutillierChangement climatique
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Alors que les gouvernements du monde entier vont être amenés à durcir leur politique climatique, l’industrie globale de l’énergie fossile craint que ses réserves de charbon, pétrole et gaz perdent soudainement leur valeur, ce qui pourrait mener à une perte de 20.000 milliards de dollars pour le secteur industriel mondial.

Le monde est en voie de se réchauffer de trois degrés d’ici la fin du siècle, soit deux fois plus que le seuil maximal recommandé par la communauté scientifique. Principles for Responsible Investment (PRI), un réseau international d’investisseurs représentant 86.000 milliards d’actifs sous gestion, craint que le secteur de l’énergie fossile subisse de lourdes pertes financières à cause d’une transition écologique trop brutale imposée par les gouvernements.

«Il est très peu probable que les gouvernements laissent le monde s’enfoncer vers les 2,7°C sans être contraints d’agir avec force plus tôt», a indiqué la présidente de PRI, Fiona Reynolds, dans un communiqué daté du 21 novembre. Selon elle, les gouvernements ont trop tardé à prendre des mesures fortes. Elle prévoit que la réponse stratégique face à la multiplication des catastrophes liées au changement climatique sera une transition écologique «ferme, abrupte et désordonnée».

PRI a signalé que le secteur des combustibles fossiles pourrait perdre un tiers de sa valeur actuelle, à mesure que les réserves de charbon, de pétrole et de gaz deviennent peu à peu des actifs bloqués, c’est-à-dire qu’ils perdent de leur valeur. Les pertes du secteur énergétique mondial pourraient ainsi s’élever à 4.000 milliards de dollars (3.584 milliards d’euros), et à 20.000 milliards (17.921 milliards d’euros) pour l’ensemble du secteur industriel.

«Ce genre de scénario, un déni prolongé suivi d’une décarbonisation provoquée dans la panique, est ce qui préoccupe le plus les banques centrales. Et c’est ce qui se rapproche le plus de la réalité», écrivait en juillet Adam Tooze, professeur d’histoire à l’Université de Yale, dans Foreign Policy.

Les banques, compagnies d’assurances et les autres intermédiaires financiers sont mêlés aux secteurs du pétrole et du gaz. Au fur et à mesure que les actifs sont dépréciés, le coût financier pourrait se multiplier, a indiqué le journaliste Nick Cunningham pour le journal spécialisé Oil Price.

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Une double menace avec les catastrophes liées au climat

L’effet combiné d’une réévaluation massive des actifs et des dommages physiques croissants liés au changement climatique pourrait déclencher une crise financière. Par exemple, l’une des conséquences du changement climatique, la montée du niveau des océans, va entre autres frapper le marché immobilier le long des côtes. Cela va enclencher divers mécanismes: les gens déménagent, les compagnies d’assurance se retirent de ces zones, les investisseurs retirent leur capital.

Si le niveau de la mer monte de deux mètres d’ici 2100, les pertes sur l’immobilier aux États-Unis pourraient s’élever à 900 milliards de dollars (800 milliards d’euros), selon le rapport du think tank Center for American Progress. Au final, le secteur ne vaudra plus qu’une fraction de ce qu’il valait autrefois. Et il ne s’agit là que d’un seul aspect des conséquences du changement climatique.

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