C’est un dossier dont on discute beaucoup dans les couloirs du Pentagone: l’état-major américain devrait annoncer sous peu un retrait majeur de ses troupes en Afrique de l’Ouest, et plus particulièrement au Sahel. Selon le New York Times qui rapporte cette information, cette annonce pourrait même avoir lieu au mois de janvier.
Il y a aujourd’hui environ 7.000 soldats américains déployés sur tout le continent africain, dont la plupart sont situés dans la corne de l’Afrique et en Afrique subsaharienne. Une importante partie de ces troupes serait concernée par ce retrait qui pourrait arriver très vite, indique le quotidien new-yorkais.
Que l’on vienne pas nous rabâcher les oreilles avec la solidarité américaine au Sahel ou ailleurs : https://t.co/I2so51Nno0 https://t.co/I2so51Nno0
— Dupuy Emmanuel (@Emdupuy) December 24, 2019
Priorité aux «menaces» russes et chinoises
Cette stratégie s’inscrit dans une logique de concentration des moyens militaires américains sur les plus grandes menaces que constituent, selon eux, la Chine et la Russie. Le ministre de la Défense, Mark Esper, ne s’en cache pas, il a affirmé publiquement en octobre dernier que pour lui, ces deux puissances doivent être prises bien plus au sérieux qu’elles ne le sont déjà. De ce fait, il a demandé à ses commandants de:
«Libérer, là où ils le peuvent, du temps, de l’argent et des hommes afin de les rediriger vers les priorités sécuritaires inscrites dans la stratégie de défense nationale: la Chine en première position, et la Russie en seconde.»
Si le calendrier dans lequel s’inscrit cette décision peut paraître surprenant, le fait qu’elle soit prise ne devrait être une surprise pour personne. Mettre un terme «aux guerres qui ne finissent pas» était une promesse de campagne de Donald Trump en 2016. Depuis près de 18 ans, de nombreuses forces américaines sont déployées dans le monde, et en particulier en Afrique, dans des missions de contre-terrorisme et de maintien de la stabilité. Pourtant, rares sont les régions où les choses se sont arrangées (la Somalie demeure livrée à l’anarchie, le Sahel est toujours plus instable).
La France livrée à elle-même en Afrique
Un des principaux dommages collatéraux de ce retrait serait l’affaiblissement du soutien aux forces françaises présentes sur le continent. Aujourd’hui, il y a 4.500 soldats français en Afrique qui luttent contre les groupes terroristes présents au Sahel. Cela fait un moment que Paris essaye de mobiliser ses alliés européens afin d’envoyer plus de ressources militaires pour lutter contre les djihadistes dans la région et cela risque de devenir de plus en plus urgent.
Aujourd’hui, la France dépend encore de la présence américaine en Afrique, que ce soit au niveau du renseignement, de la logistique ou du ravitaillement en vol. La facture s’élève à environ 45 millions de dollars d’aide américaine par an, toujours d'après le New York Times. Un coût que Paris aimerait éviter de payer à l’avenir, malgré les efforts déjà entrepris pour autonomiser sa présence, notamment en commandant des avions de transport C-130 et des drones Reapers.