Sénateurs, policiers, routiers, le gouvernement continue de céder sur les «régimes spéciaux» de retraite

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Alors que l'essence même de la réforme des retraites voulue par le gouvernement est son caractère «universel» qui est censé voir supprimer les régimes spéciaux, depuis plusieurs jours, l’exécutif multiplie les concessions pour plusieurs professions. Des décisions difficiles à défendre politiquement alors que la grève continue.
«Vous n'obtiendrez rien.»

Récemment opposé au syndicaliste Matthieu Bolle-Reddat de la CGT Cheminot Versailles, la député LREM Aurore Bergé répétait à l'envi que les grévistes contre la réforme des retraites n'auraient pas gain de cause. Les récentes décisions du gouvernement semblent lui donner tort, du moins en partie.

Plusieurs professions qui s'étaient mises en grève, ou avaient menacé de le faire, ont vu certains de leurs avantages liés à leurs retraites conservés alors même que le gouvernement avait clairement dit vouloir un système «universel» qui présageait de la fin des régimes spéciaux.

«Je suis ferme sur le principe [...] d'un système qui concernera tout le monde [...] véritablement universel», lançait le Premier ministre Edouard Philippe le 11 décembre sur TF1.

Les policiers d'abord. Après avoir menacé de rejoindre le mouvement social qui frappe la France depuis plusieurs semaines, les gardiens de la paix ont obtenu des concessions.

«Les policiers ont pour leur part obtenu le maintien "de la bonification spéciale dite du cinquième ou quinquennale, qui leur offre une annuité (quatre trimestres) de cotisation tous les cinq ans, plafonnée à cinq annuités". L'ouverture des droits à 52 ans et le départ à la retraite à 57 ans restent également préservés, mais les négociations se poursuivent», expliquent nos confrères de LCI. Avant de noter que désormais, les policiers souhaitent l'équité avec les gendarmes citant le syndicat Unité SGP – Police: «Tous les policiers d'aujourd'hui ne doivent pas être impactés par la réforme des retraites, ceux de demain doivent être couverts par un régime dérogatoire assurant les mêmes conditions que notre statut spécial actuel.»

Quid du secteur des transports aériens dont le pouvoir de nuisance en cas de grève est puissant? Les contrôleurs aériens pourront conserver un âge légal de départ à la retraite entre 52 et 59 ans, loin de l'âge pivot à 64 ans évoqué dans le rapport Delevoye, qui a servi de base de travail au gouvernement pour sa réforme.

«La question était aussi valable pour la conservation des caisses de retraite complémentaire, alors que le calcul des pensions va évoluer. D'une retraite indexée sur les six meilleurs mois de salaire, on va passer à un calcul basé sur toute la carrière, forcément moins avantageux. Mais les syndicats ont obtenu le maintien de l'autonomie de leur caisse complémentaire afin de conserver leur niveau de pension. Idem pour les personnels navigants», précise LCI.

Concernant les routiers, la ministre des Transports Élisabeth Borne, au cœur d'une polémique pour son départ en vacances au Maroc en pleine grève, a assuré que les chauffeurs conserveront leur congé de fin d'activité qui leur permet un possible départ à la retraite à 57 ans.

Pour ce qui est de la SNCF et de la RATP, les tractations se poursuivent avec le gouvernement entre proposition de bascule dans le nouveau système pour les personnels plus jeunes, exonérant les plus anciens, ou encore possible intégration des primes au calcul de la retraite. «Parmi les autres pistes évoquées, on peut enfin citer la mise en place à la SNCF d'une retraite complémentaire d'entreprise, tandis que celle déjà existante à la RATP pourrait faire l'objet de revalorisations», explique LCI.

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Enfin, les sénateurs, cas particulier, bénéficient d'un atout de poids: personne à part eux ne peut les forcer à modifier leur régime de retraite. En effet, c'est le seul bureau du Sénat qui a compétence en la matière. Et les parlementaires de la chambre haute du Parlement voient d'un mauvais œil que l'on touche à leur pension moyenne de 2.190 euros à l'issue d'un mandat de six ans.

D'autres professions telles que celles des secteurs de l'énergie avec EDF ou Engie mettent également la pression au gouvernement pour conserver leurs avantages.

L'universalité de la réforme en a pris un coup ces derniers jours. Reste à voir comment l’exécutif va justifier ces choix devant les partenaires sociaux. La reprise des concertations est attendue pour le 7 janvier.

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