Ségolène Royal prévient la macronie qu'elle ne désarmera pas: «je continuerai chaque fois que c'est nécessaire. Ils devront s'y habituer», a-t-elle déclaré jeudi dans un entretien à l'AFP.
Le tweet, dernier d'une série de salves critiquant le pouvoir sur les pesticides, la réforme des retraites ou l'hôpital, déclenche aussitôt une levée de boucliers des soutiens de M. Macron, de la députée LREM Aurore Bergé jusqu'à Alexandre Benalla.
«Nous avons appris à suivre l'intensité des critiques de Ségolène Royal en fonction de la proximité ou de l'éloignement dans lequel elle se situait de participer, de près ou de loin, à des fonctions officielles dans le gouvernement ou proches du gouvernement. Ces critiques doivent signifier qu'en ce moment, elle en est très loin», cingle le patron des députés en marche, Gilles Le Gendre, sur LCI.
«Elle est gonflée, elle en veut à Macron parce qu'il ne l'a pas proposée comme commissaire de la France à la Commission européenne», embraye Daniel Cohn-Bendit, ancien eurodéputé EELV devenu proche d'Emmanuel Macron, en évoquant «une vengeance» de la part de Mme Royal.
Dans le Point, Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos, voit dans les critiques quotidiennes de l'ex-ministre de l'Environnement de «la démagogie pure» et un «excès d'opportunisme», motivé par la volonté de plaire à «un électorat très à gauche».
C'est dans ce contexte que le Figaro révèle, le soir du réveillon, que Mme Royal va prochainement recevoir une convocation devant l'Assemblée nationale pour répondre de son bilan d'ambassadrice des pôles, un poste sur lequel elle a été nommée par Emmanuel Macron.
Deux députés, Christophe Naegelen (UDI) et Eric Girardin (LREM) veulent entendre ses explications sur «son absence à l'ensemble des réunions officielles au Conseil de l'Arctique qui se sont tenues depuis sa nomination» il y a deux ans et «ses interventions médiatiques quasiment hebdomadaires sur la politique nationale».
«Elle semble plus active dans la politique nationale que dans son rôle d'ambassadrice», fait remarquer le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde auprès de l'AFP.
Ségolène Royal leur répond
Réagissant jeudi à cette «opération de communication», Mme Royal dit qu'elle n'est «pas dupe des arrière-pensées politiciennes».
«Ils ne savent plus quoi inventer pour me faire taire parce que toute parole de vérité qui dénonce les graves désordres sociaux dont la France souffre les dérange», lâche-t-elle à l'AFP, déterminée à se défendre énergiquement contre toutes ces «calomnies».
Déjà mise en cause mi-novembre pour l'utilisation de ses moyens d'ambassadrice à des fins personnelles, Mme Royal avait assuré que «tout est faux», en promettant d'aller «porter plainte pour diffamation», une menace restée jusqu'ici lettre morte.
Ses défenseurs dénoncent une opération de représailles. «Tout le monde a compris: il s'agit de supprimer tous les candidats - c'est fait avec Jean-Luc Mélenchon, c'est fait avec Ségolène Royal - potentiels à l'élection présidentielle, tout en préservant bien Madame Le Pen», estime François Kalfon, conseiller régional et membre du bureau national du PS, accusant Emmanuel Macron de tout faire pour se retrouver une nouvelle fois face à Marine Le Pen au second tour en 2022.