«We're doing great!» Le Président américain Donald Trump le répète à l'envi: l'économie américaine se porte comme un charme. Empêtré dans une procédure de destitution, le locataire de la Maison-Blanche dégaine régulièrement son clavier pour vanter notamment la forme olympique des marchés américains.
“Nasdaq Hits 9,000 for First Time Ever” https://t.co/7gyomV32Zy
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 26 décembre 2019
De ce côté-là, difficile de lui donner tort avec des indices boursiers qui volent de record en record alors que la «phase 1» de l'accord commercial avec la Chine doit être prochainement signée. Le problème, c'est que de nombreux observateurs relèvent la déconnexion entre des performances boursières exceptionnelles et la réalité économique.
Il faut dire que la Réserve fédérale américaine (FED), après avoir mené une politique de relèvement des taux durant des mois, a recommencé à les baisser. Elle l'a déjà fait trois fois en l'espace de quelques mois et a même été obligée d'intervenir en urgence à plusieurs reprises à partir de septembre dernier en injectant des dizaines de milliards de dollars sur le marché interbancaire afin d'éviter une crise de liquidité.
Etats-Unis
— Alexandre Baradez (@ABaradez) 4 décembre 2019
ISM Services / Business Activity
Plus bas depuis novembre 2009... pic.twitter.com/1qCg1g9R0O
Du côté des indicateurs économiques, le mois de novembre aura vu son lot de déconvenues. L'indice d'activité manufacturière (ISM) s'est à nouveau replié pour reculer à 48,1, sachant qu'en dessous de 50, l'indicateur marque une contraction de l'activité. Pas mieux concernant les commandes à l'industrie avec un indice qui a touché un plus bas depuis juin 2012 à 47,2. Quid des services? S'ils restent en croissance, l'activité a de nouveau ralenti après un premier recul en octobre. L'indice a perdu 0,8 point pour s'établir à 53,9.
Des bonnes nouvelles pas si bonnes que cela
Du côté du marché de l'immobilier, les reventes de logements ont reculé davantage que prévu en novembre. «Elles se sont repliées de 1,7% à 5,35 millions d'unités en données corrigées des variations saisonnières, selon les statistiques publiées jeudi par la National Association of Realtors (NAR). Les économistes sondés par Reuters prévoyaient en moyenne une baisse de seulement 0,2%. Le volume d'octobre a été révisé en léger recul à 5,44 millions d'unités au lieu de 5,46 millions en première estimation», explique Les Echos.
💸Les ménages américains, propriétaires de leur résidence principale, ont accumulé une dette immobilière de plus de 9400 milliards de dollars. Soit plus de 44% (!) du PIB des États-Unis. Celle des Français dépasse les 1000 milliards d’euros #immobilier 💸 https://t.co/JOBvGhkrhj
— Me Fabienne MAGNAN (@MeMagnan) 22 août 2019
Même du côté des bonnes nouvelles, il convient d'en tempérer certaines. Ainsi, la consommation des ménages, qui pèse pour plus des deux tiers dans l'activité économique des États-Unis, a augmenté en novembre avec +0,4%. Dans le même temps, la dette des ménages américains continue de battre des records, comme le soulignait la FED dans un communiqué le 13 novembre dernier:
«ll s'agit du 21e trimestre consécutif de hausse et le total excède désormais 1.300 milliards de dollars, en termes nominaux. Le précédent pic de 12.680 milliards remonte au troisième trimestre 2008.»
«Plus de deux tiers de cette dette sont composés d'emprunts immobiliers, à 9.440 milliards de dollars, mais les autres types de dette ont progressé deux fois plus. La dette étudiante est repartie de plus belle après une pause au printemps et s'élève désormais à 1.500 milliards de dollars. Les nouveaux crédits auto sont proches des plus hauts historiques et la dette auto totale a bondi à 1.320 milliards, loin devant la dette de carte de crédit (880 milliards)», expliquent nos confrères de La Tribune.
Les marchés au révélateur de la micro. Sur le S&P 500, 90% de la demande nette d’achat d’actions sont des rachats d’action. Or, en période de publications de résultats - la saison s'ouvre aux Etats-Unis, le rachat de titres est interdit... @bfmbusiness https://t.co/NJdM2zQAN2
— Pierre Sabatier (@Pierre_Sabatier) 15 avril 2019
Du côté de la Bourse, afin d'expliquer les performances du S&P 500, qui évoluent à des niveaux jamais observés, en plus de la politique accommodante de la FED, plusieurs experts notent le rôle des rachats d'actions. C'est le cas de l'économiste Patrick Artus qui a analysé la situation chez nos confrères des Echos:
«À première vue, le S&P 500 affiche un surcroît de performance de plus de 80 % par rapport à l'EuroStoxx entre 1998 et novembre 2019. Mais en raison des importants rachats d'actions à Wall Street, davantage d'actions y ont été détruites que créées. Un indice boursier est la valeur des entreprises divisée par le nombre d'actions. Si le nombre d'actions est réduit par les rachats d'actions, mécaniquement l'indice boursier augmente. Or, si l'on calcule l'évolution des indices corrigés de l'évolution du nombre d'actions, en réalité, l'EuroStoxx a augmenté autant que le S&P 500.»
Reste que selon les chiffres officiels publiés en décembre, la croissance de l'économie américaine s'est légèrement accélérée au troisième trimestre à 2,1% en rythme annualisé. Un niveau qui ferait rêver plusieurs pays européens... dont la France.