Si les entreprises françaises s’implantent déjà «de l'Atlantique à l'Oural», la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCIFR) œuvre à créer des conditions avantageuses pour inciter les investisseurs français à franchir cette frontière imaginaire et que des PME s’installent dans les régions de l’Extrême-orient russe.
«Jusqu'à ces dernières années, l’appétit des hommes d’affaires français s’arrêtait à l'Oural. Il est vrai qu’au-delà apparaissent un certain nombre de difficultés climatiques, logistiques et politiques, car les modes opératoires des autorités de part et d’autre de l'Oural sont très différents», précise Pavel Chinsky.
En octobre dernier, le classement Doing Business 2020 de la Banque mondiale, qui comprend 190 pays, plaçait la Fédération de Russie en 28e position, entre le Japon et l'Autriche, soit trois places au-dessus de son classement 2019 où elle occupait la 31e position.
«Les rotations de gouverneurs des régions mettent en place des quadragénaires, dont beaucoup sont associés à des affaires et ont reçu au moins une partie de leur formation professionnelle en Occident. Avant, l'Oural était la limite pour l’avancement des Français, mais maintenant ils hésitent moins à s’aventurer vers l'est», explique Pavel Chinsky.
Forte de cette constatation, la CCIFR essaie de convaincre les personnes clés dans les régions de l’Extrême-orient que pour plus d'efficacité, et pour attirer les investisseurs français, «nous pouvons et devons travailler avec les milieux d'affaires français des pays asiatiques les plus proches – au Japon, en Chine, en Corée – au lieu d’essayer de les faire venir depuis Moscou ou Paris».
«Ce sont des projets qui ont déjà été lancés et continuent à être financés par des entreprises déjà présentes en Russie, confirme Pavel Chinsky. Mais je ne peux citer aucun nouveau grand joueur qui serait entré sur le marché au cours des cinq dernières années.»
Par contre, d’après le directeur de la CCIFR, ce qu’on pourrait qualifier comme «le business de taille moyenne» continue son expansion, puisque «des sanctions ont provoqué un besoin d'amélioration des technologies agro-industrielles et une création de nouvelles productions agro-industrielles»
«Cela a attiré beaucoup de Français, constate Pavel Chinsky. Ce n'est pas forcément une vente [des technologies proprement dites, ndlr], ça peut être la vente d'équipements ou la localisation, restant la plus intéressante pour la Russie.»
Il illustre son propos avec deux cas: «le Groupe Bonduelle a maintenant considérablement augmenté ses capacités, construit une nouvelle usine [dans la région de Belgorod, ndlr]» et «Auchan s’est lancé dans des activités autres que la vente» en ouvrant sa propre usine de transformation de viande dans la région de Tambov.
Mais, un autre modèle d’activité semble intéressant pour le directeur de la CCIFR: il s’agit du «ré-export».
«Il n'y a pas si longtemps, j’ai assisté au forum économique Russie-Afrique. Conclusion: les produits actuellement fabriqués en Russie par des investisseurs français intéressent beaucoup nombre de pays africains», indique Pavel Chinsky.
Pour le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe, la concentration de la coopération russo-française sur le plan régional aiderait des moyennes entreprises à venir en Russie, car «cela est dû à la structure de l'économie française. Toute sa croissance des années 1960-1990 a été basée sur le principe géographique: en commençant à communiquer avec une région, on accède immédiatement à tout un écosystème d'entreprises».