Entre deux «Marseillaise» entonnées par l'orchestre symphonique, des danseuses en tutu blanc ont exécuté des scènes du Lac des cygnes. C'est ainsi que l'Opéra de Paris a manifesté mardi sur le parvis du palais Garnier contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron.
À quelques heures de Noël, sous le ciel gris parisien, une quarantaine de danseuses du corps de ballet de l'Opéra ont donné un mini-spectacle improvisé devant des affiches «Opéra de Paris en grève» et «La culture est en danger», sous les applaudissements des badauds.
Retraites: les danseuses de l'Opéra de Paris interprètent le Lac des Cygnes sur le parvis du monument pic.twitter.com/U5ZEdgK85q
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«Même si on est en grève, on a voulu offrir pour le 24 décembre un moment de grâce», a déclaré à la presse le danseur et élu à la caisse des retraites Alexandre Carniato. «Malgré un temps extrêmement frais, les filles ont voulu relever le défi et les musiciens les accompagner», a-t-il ajouté.
Spectacles annulés
L'Opéra est touché par la grève depuis 15 jours, ce qui a entraîné l'annulation de nombreux spectacles -dont le ballet Le Parc prévu mardi.
«On nous inculque depuis l'âge de huit ans qu'on a une mission régalienne et qu'on va danser pour l'Opéra de Paris qui représente la France», souligne Alexandre Carniato, 41 ans.
Les artistes en grève de l'Opéra de Paris interprètent gratuitement le Lac des Cygnes devant l'Opéra Garnier pour s'opposer à la réforme des retraites.
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«L'ensemble de l'Opéra est touché» par la réforme des retraites, déclare pour sa part à l'AFP Héloïse Jocqueviel, 23 ans, danseuse du corps de ballet qui a participé au spectacle. «C'est notre art qui est mis en danger».
Les danseuses ont choisi l'acte 4 du Lac des cygnes, «l'un des ballets les plus difficiles» qu'elles ont dansé «sur du marbre dans le froid».
«Ce que les filles vous ont montré, c'est 15 ans de sacrifices, et c'est du travail quotidien. Et pour arriver à ça, il y a une limite, une contrainte. Si on veut continuer à voir de jolies danseuses ou de jolis danseurs sur scène, on ne pourra pas continuer jusqu'à 64 ans, ce n'est pas possible», a souligné Alexandre Carniato.
«Je suis entrée à l'école de danse à huit ans, j'ai quitté ma famille et aménagé ma scolarité. Avec cinq heures de danse par jour, à 17-18 ans, on est nombreux à avoir des blessures chroniques, des tendinites, fractures de fatigue, douleurs aux genoux [...]. On est nombreux à ne pas avoir notre baccalauréat», énumère Héloïse Jocqueviel.
Ce régime permet de tirer sa révérence à 42 ans, compte tenu de la «pénibilité» du métier, des risques de blessure, et du fait que la majorité des danseurs peut difficilement continuer à danser les grands ballets au-delà de cet âge avec le même niveau d'excellence.
«Croyez que pour en arriver à toutes ces annulations, il faut vraiment que nous soyons poussés à bout», a déclaré le ballet de l'Opéra de Paris dans un communiqué.
«L'élimination de notre caisse de retraite, qui incarne l'union entre toutes les générations de nos plus de 70 métiers, pour nous faire rentrer de force dans un régime qui ne nous correspond pas du tout, achèverait de détruire l'équilibre fragile de notre collectif de travail», soulignent les danseurs.