La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est retrouvée au cœur d’une affaire visant à dévoiler dans quelles conditions l’ancienne ministre allemande de la Défense avait fait appel aux services de consultants extérieurs ayant reçu de solides rémunérations. Cependant, les données de son ancien téléphone portable, censées être utilisées en tant que pièces à conviction, ont été supprimées, indique Le Monde.
L’auteur est inconnu
Tandis que les informations ont été effacées en août dernier, la commission d’enquête parlementaire qui aurait dû les consulter n’en a été informée qu’au mois de décembre. La suppression des données a eu lieu après que Mme von der Leyen a quitté son poste au gouvernement allemand, a fait savoir le représentant du ministère de la Défense au sein de la commission, cité par le quotidien. Le nom de l’auteur de cet acte n’a pas été précisé.
«La décision d’effacer [les données d’un, ndlr] téléphone portable sans qu’il ait été établi que celui-ci puisse servir de pièce à conviction sort du cadre des litiges normaux qui existent forcément entre un gouvernement et une commission d’enquête parlementaire», a commenté le député Tobias Lindner, membre de la commission d’enquête. «Là, il s’agit d’un scandale manifeste», a-t-il conclu.
Une plainte déposée
Une plainte a été déposée auprès du procureur de Berlin par un membre du groupe écologiste au Bundestag, se référant au code pénal qui rend toute personne, qui supprime les données pouvant servir de preuves, susceptible d’être poursuivie en justice.
Et ce n’est pas sans fondement, car 200 millions d’euros ont été versés à des conseillers extérieurs entre 2015 et 2016, selon les calculs de la Cour des comptes. Il s’agit d’un quart de l’ensemble des honoraires payés pour les spécialistes privés qui ont travaillé pour tout le gouvernement fédéral pendant quatre ans, entre 2014 et 2018.
En outre, la démarche utilisée pour recruter les conseillers extérieurs est également remise en cause, précise le quotidien qui se réfère à des médias allemands ayant découvert que plus d’une cinquantaine de contrats signés entre les spécialistes et le ministère de la Défense ne respectaient pas les normes des appels d’offres.