Les relations de la Russie avec les pays membres de l’Union européenne sont toujours limitées, depuis 2014, affirme l’ambassadeur de Belgique en Russie, Jean-Arthur Régibeau, qui en veut pour exemple la baisse des échanges commerciaux russo-belges «d’environ 25 à 30%».
Relations économiques
«Nous échangeons quand même de façon annuelle pour un montant total d’environ 12 milliards d’euros entre la Belgique et la Russie, c’est un montant très important», déclare-t-il dans un entretien à Sputnik, avant d’énumérer les entreprises belges qui connaissent un beau succès en Russie.
«Le plus gros investissement belge a été fait par la firme Solvay qui est une firme spécialisée dans les produits chimiques, la soude, qui est en partenariat avec une firme russe. Il y a la société Bekaert aussi, qui s’est implantée à Lipetsk, qui récemment vient de compléter un nouvel investissement. Vous avez également AB Inbev que le public russe ne connaît pas sous ce nom, mais si je parle des bières belges, je crois qu’une grande partie du public russe sait de quoi je parle. Je veux également citer Barco qui est une société qui produit des appareils de projection pour les cinémas. Il y a à peu près un cinéma sur deux dans le monde qui est équipé d’un système de projection Barco», ajoute-t-il.
Trois domaines de rapprochement
Il existe globalement trois secteurs qui suscitent «énormément d’intérêt dans la population, chez les citoyens des deux côtés» et pourraient donc servir de plateforme de rapprochement. Ce trio est la culture, l’enseignement et le sport.
La Russie étant «imprégnée de culture» et de «curiosité vers la culture des autres», le domaine de la culture «est vraiment un domaine phare», estime M.Régibeau, citant en guise d’exemple d’échanges mutuels Anna Teresa De Keersmaeker, maître de ballet, ou encore Jan Fabre qui a pu exposer à l’Ermitage.
«Un autre domaine que nous cherchons vraiment à développer parce qu’il a beaucoup de succès, ce sont les étudiants. Il y a beaucoup de jeunes Russes qui souhaitent venir étudier en Belgique et pas mal de Belges aussi qui viennent ici, en Russie, étudier, notamment, pour apprendre la langue», détaille-t-il.
Le secteur du sport ne peut, par ailleurs, pas être négligé. Pour le diplomate, la Coupe du Monde 2018 «a été très bien organisée, et pour les Belges c’est aussi une belle manière de découvrir un autre pays, une autre population. Ils ont toujours été extrêmement bien reçus et nous pensons que ce sera également le cas au mois de juin lorsque la Belgique reviendra jouer à Saint-Pétersbourg.»
Victoire sur le nazisme
En 2020, la Russie fêtera les 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. En tant qu’ambassadeur, M.Régibeau a à maintes reprises assisté à la parade du 9-Mai pour exprimer «une forme de témoignage envers l’énorme souffrance du peuple russe pendant la Deuxième guerre mondiale». Ce qui est d’autant plus compréhensible que le peuple belge a également été occupé.
«Nous avons été envahis, occupés pendant quatre ans par un régime terrible qui s’appelle le nazisme, la barbarie, et nous sommes pleinement conscients de l’énorme apport de l’URSS et de sa population dans la victoire finale», fait remarquer l’ambassadeur. Il partage en outre le sentiment qu’éveille le passage du Régiment immortel, le souvenir des «terribles moments» que les familles ont vécus.
Sentiments communs
Chez les Européens, ce sentiment et la mémoire ne sont en rien moins forts, poursuit-il. Un travail global est mené en Belgique pour préserver le patrimoine et ce «travail de mémoire c’est énormément d’aspects»:
Rapatriement des enfants de djihadistes
Le fléau de l’époque contemporaine étant le terrorisme, pour la Belgique aussi se pose la question du rapatriement des enfants de djihadistes. Malgré la pression du Président Trump qui appelle les pays européens à résoudre le problème dans les plus brefs délais, «la Belgique est un pays souverain et elle prendra la décision elle-même sur la base de ses propres choix», souligne M.Régibeau.
«La Belgique ayant été notamment touchée par une vague d’attentats, tout ce qui est lié de près ou de loin au terrorisme est quelque chose qui inquiète un petit peu la population.»
«Je dirais que, de façon générale, le gouvernement belge estime qu’il est tout à fait envisageable d’accepter le retour des enfants jusqu’à l’âge de 10 ans parce que de toute évidence ce sont des enfants qui sont encore dans l’âge de l’innocence. Au-delà de l’âge de 10 ans il faut pouvoir déterminer si ces adolescents, ces jeunes adultes présentent un risque ou une menace et quelle est la meilleure manière de traiter leur cas», résume l’ambassadeur.