Seuls deux cadres de de l'entreprise SNC-Lavalin - l’un des poids-lourds d'ingénierie et de construction au monde - ont été reconnus jusqu’ici coupables de corruption en lien avec les affaires de l’entreprise en Libye. Il s’agit de Riadh Ben Aïssa et Sami Bebawi, anciens vice-présidents du groupe.
Toutefois, «il y a eu plusieurs cadres de SNC impliqués dans la décision [sur les pots-de-vin en Libye, ndlr]. Bebawi n’était pas tout seul […] Sami Bebawi a eu des autorisations» de ses supérieurs, a indiqué l’expert en gouvernance Michel Nadeau, dont les propos sont repris par TVA Nouvelles.
Les documents citent notamment les noms de l’ancien PDG, Jacques Lamarre, et de l’ex-patron de SNC-Lavalin International, Michael Novak.
Le Bureau d’enquête du site revient sur cinq contrats signés par Michael Novak qui ont permis le transfert de fonds à des sociétés-écrans. Il a d’ailleurs déclaré lors du procès que faire affaire avec des compagnies offshore n’était pas quelque chose de problématique pour SNC-Lavalin.
Le PDG était au courant
L’ex-PDG Jacques Lamarre a été mis en copie de nombreux courriels concernant le versement de pots-de-vin. Par exemple, en 2006, il était question de payer d’avance un «agent» ayant facilité l’octroi d’un contrat en Libye. Cette personne, derrière une société-écran, était en réalité l’un des fils de Mouammar Kadhafi, Saadi, et l’argent a servi à lui payer un yacht, a poursuivi le site.
«Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’importance et la quantité de travail qui est en jeu en Libye», indiquait le texte.
En outre, un responsable des finances de SNC-Lavalin a approuvé le paiement d’un montant de plusieurs millions de dollars à une société-écran des îles Vierges britanniques. Il s’est avéré par la suite que l’un des bénéficiaires de ces virements était Riadh Ben Aïssa qui agissait aussi comme le représentant de SNC-Lavalin dans ce document.
«L’échec de la justice»
Le jury a rendu son verdict sur l’affaire le 15 décembre, à Montréal. Sami Bebawi faisait face à cinq chefs d’accusation, notamment corruption d’un agent public étranger, fraude et possession de biens volés.
Il était soupçonné d’avoir participé au virement de pots-de-vin à Saadi Kadhafi en échange de contrats pour son entreprise.
Étant donné que seuls deux cadres ont été reconnus coupables, un expert en éthique a déploré devant TVA Nouvelles «l’échec de la justice envers les véritables gros joueurs qui s’en sont sortis indemnes».