Fragilisé par des soupçons de conflits d'intérêts après des oublis dans sa déclaration d'intérêts, le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, sera condamné en raison de la gravité des omissions, a supposé Jean-Christophe Picard, le président de l’organisation anti-corruption Anticor.
«Tout porte à croire que des poursuites seront engagées avec, in fine, une condamnation», a-t-il estimé lundi au micro de la matinale d’Europe 1.
Vu le nombre de mandats que M.Delevoye a oublié de déclarer, il devient «compliqué de plaider la bonne foi» du gouvernement dans l’affaire, a ironisé le responsable.
Pour Anticor, c’est du jamais vu
«L’intérêt de ces déclarations est qu’elles soient complètes et sincères. Si on commence à tolérer un oubli, on vide le dispositif de son sens», a-t-il souligné, rappelant que ne pas remplir sa déclaration est un délit pénal passible de 45.000 euros d’amende et de trois ans de prison.
«Il est parfaitement incompatible d’exercer une activité professionnelle tout en étant membre du gouvernement. C’est quelque chose que l’on n’avait jamais vu», a déclaré le président de l’organisation.
Décision de la Haute autorité
La Haute autorité pour la transparence de la vie publique doit annoncer le 18 décembre son annonce décisive sur l’implication de la justice dans cette affaire. Peu importe si la justice est saisie ou pas, M.Picard ne souhaite pas le maintien de Jean-Paul Delevoye au gouvernement.
«Vu l’ampleur des omissions, la question ne se pose même plus. Comment voulez-vous travailler avec des personnes qui n’arrivent même pas à remplir une déclaration de cinq pages? Ils vont l’exfiltrer comme ils l’ont fait pour Richard Ferrand [visé en mai 2017 par des accusations de favoritisme, ndlr]. Ils vont lui trouver un point de chute», a-t-il conclu.
Affaire Delevoye
M. Delevoye a aussi cumulé sa fonction gouvernementale avec celle, rémunérée, de président de Parallaxe, un institut de réflexion sur l'éducation, cumul qu'il avait déclaré mais qui, a-t-il appris depuis, n'était pas autorisé.