À l’occasion de la conférence ministérielle Space19+ le 28 novembre dernier, les 22 pays membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) ont trouvé un accord sur le budget de 14,4 milliards d’euros, lesquels seront alloués aux programmes spatiaux de l’organisation sur les trois à cinq prochaines années. L’ESA pourra ainsi garder une place importante dans le domaine spatial face aux Américains et aux Chinois.
Les industriels français évoquent cependant un échec pour l’Hexagone. «Faire croire à une grande victoire de l'Europe permet de masquer un certain déclassement de la France», a indiqué l’un d’eux à La Tribune. Ceux-ci ont fait part de leur déception dans un courrier adressé à Matignon et aux ministères de l’Économie, de la Recherche et des Armées. Le débriefing de Space19+ du 5 décembre, auquel a participé l’Élysée, a dressé un bilan similaire.
En effet, la France a perdu son titre de leader européen du domaine spatial. Avec 2,66 milliards d’euros de contribution (18,5% du budget de l’ESA), elle a laissé sa place à l’Allemagne, qui a mis 3,29 milliards (22,9% du budget) sur la table. En cause, une mauvaise estimation du côté français des capacités d’investissement de leur voisin germanique, selon les informations du journal économique.
Que signifie ce recul dans la participation de la France au budget de l’ESA?
Toujours selon La Tribune, la France perd des plumes dans plusieurs programmes d’avenir, excepté celui des lanceurs, avec une grosse participation aux fusées Ariane 6 et VEGA E. Concernant le programme Copernicus, qui inclut la déploiement de satellites de surveillance sur le climat, l’agriculture, la mobilité et la sécurité, Paris se retrouve derrière Berlin et Rome. L’Allemagne reste également devant sur le programme de télécoms Artes.
Ensuite, la France sera en retrait des projets Espace pour la 5G et celui des communications optiques, et ne contribuera pas à la Station spatiale internationale, qui a pourtant des projets d’avenir sur la Lune. Son ambition se retrouve limitée sur les programmes d’exploration spatiale pour la période 2020-2022, où elle est là aussi devancée par l’Allemagne et l’Italie.
Le CNES se veut rassurant
Selon Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d’études spatiales (CNES), la France sera toujours le premier contributeur sur les trois prochaines années. L’Allemagne dépensera la plus grande partie de son budget en 2023 et 2024. En 2022, lors de la réunion ministérielle, la France devrait pouvoir à nouveau aligner son budget sur celui des Allemands. Mais certains programmes, comme Copernicus, seront lancés avant que la France n’en récupère le leadership financier, a prévenu La Tribune.