Reprochant à la France de violer sa liberté d'expression à travers sa condamnation, définitive, pour provocation à la haine religieuse, le chroniqueur et polémiste Éric Zemmour a décidé de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), a fait savoir la Cour le 11 décembre.
La CEDH, installée à Strasbourg, a réceptionné la requête d'Éric Zemmour sur le fondement de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'Homme protégeant la liberté d'expression, a indiqué la Cour à l'AFP.
La cour s'engage à traiter les affaires en moyenne dans un délai de trois ans après réception de la requête.
Des propos anti-musulmans
L'auteur du «Destin français» avait notamment estimé qu'il fallait donner aux musulmans «le choix entre l'islam et la France» et que la France vivait «depuis 30 ans une invasion», affirmant que «dans d'innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées» se jouait une «lutte pour islamiser un territoire», «un jihad».
La cour d'appel avait considéré que ces deux passages «visent les musulmans dans leur globalité et contiennent une exhortation implicite à la discrimination».
Atteinte à la liberté d'expression?
Éric Zemmour avait également été condamné à verser un euro symbolique et 1.000 euros au titre des frais de justice à l'association CAPJPO EuroPalestine, qui avait engagé les poursuites.
Ce recours peut paraître paradoxal, Éric Zemmour ayant fustigé par le passé «ces juges qui foulent au pied la démocratie» et prenant entre autres pour cible la CEDH.
«Au nom de l'État de droit, les juges, que les médias appellent les sages, c'est-à-dire la Cour européenne des droits de l'homme, la Cour de justice européenne et le Conseil constitutionnel, imposent leur idéologie au pouvoir politique», pointait-il en octobre 2018 dans un entretien au Point.