«Nous sommes pompiers, nous aidons les gens, ce n’est pas pour se faire rouster par la police»

© SputnikDes pompiers investissent la place de la République à Paris, 2 décembre 2019
Des pompiers investissent la place de la République à Paris, 2 décembre 2019 - Sputnik Afrique
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Des dizaines de pompiers professionnels ont investi la place de la République à Paris à l’initiative du syndicat Sud-SDIS. Ayant monté un campement, ils comptent rester sur place plusieurs jours, notamment pour protester contre le manque d’effectifs et la violence dont ils sont victimes. Sam Besson est l’un d’entre eux, il s’est confié à Sputnik.

Après Nuit Debout, Les Pompiers Debout? La place de la République à Paris, qui avait accueilli en 2016 les jeunes désireux de changer monde, a changé d’hôte. En cette période de crise sociale, ce sont les pompiers professionnels qui l’ont investi. Des dizaines d’entre eux y sont arrivés en début d’après-midi, le 2 décembre. Ils ont installé trois barnums aux couleurs du drapeau français et une tente. Ce sera leur domicile pour la semaine.

Le but de la manœuvre? Protester contre le manque d’effectifs, la multiplication des interventions et la violence dont sont victimes quasi quotidiennement les soldats du feu.

«La sécurité, ça n’a pas de prix, mais ça a un coût: le nombre d’interventions explose, il faut qu’on soit plus nombreux», a expliqué à l’AFP Rémy Chabbouh secrétaire général de Sud.

Ce campement éphémère permet aux pompiers de discuter avec les passants, de leur expliquer les difficultés qu’ils rencontrent. Ils interagissent avec eux, notamment en faisant essayer leur casque. Une cagnotte a également été lancée. L’argent récolté ira à l’Œuvre des Pupilles.

«Les gens nous soutiennent, mais ils ne décident rien. On espère que le gouvernement va enfin nous entendre. On est sur les genoux dans les casernes», a lancé à l’AFP Virginie Piraux, 42 ans, pompier à Condom, dans le Gers. Elle se rappelle avec amertume les affrontements qui ont éclaté entre pompiers et policiers lors de la manifestation nationale organisée par les premiers à Paris le 15 octobre:

«On est toujours combatifs, et même encore plus après la manifestation d’octobre où ils nous ont gazés alors qu’on n’avait rien fait. C’est pour ça qu’on a choisi cette manière très pacifique de se faire entendre.»

Sam Besson, pompier et secrétaire départemental du syndicat Sud dans le Gard, fait partie des soldats du feu qui campent place de la République. Il s’est confié à Sputnik sur les raisons de sa présence et sur les suites à donner au mouvement.

Sputnik France: Combien êtes-vous et comment s’est passée cette première nuit?

Sam Besson: «Hier, nous étions une petite trentaine à garder le village des soldats du feu. Cela s’est plutôt bien passé malgré le froid. Pas mal de gens sont venus nous voir, certains d’entre eux ont des vies plutôt nocturnes! Nous, nous avons tenté de nous coucher un peu en gérant le froid et le confort sommaire.»

Sputnik France: Pourquoi avoir choisi ce mode d’action plutôt original?

Sam Besson: «Nous avons bien vu que le mode d’action qui consiste à manifester d’un point A à un point B dans notre chère capitale et à se faire accueillir en bout de cortège de manière virile par les forces de l’ordre ne nous convenait pas. Nous ne sommes pas venus à Paris pour exprimer notre mécontentement et nous faire tabasser. Nous attendons mieux que cela. Nous sommes sapeurs-pompiers, nous venons en aide aux gens toute l’année. Ce n’est pas pour ensuite se faire rouster, se faire gazer, prendre des grenades de désencerclement ou des tirs de flashball. Alors la décision a été prise d’installer ce petit village qui nous permet de communiquer, de montrer que nous existons et que malgré tout ce que l’État peut faire contre nous, nous continuerons à revendiquer tout ce que l’on demande depuis des années.»

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Sputnik France: Vous avez reçu le soutien de dizaines de Gilets jaunes, qui sont notamment venus vous apporter des boissons pour vous réchauffer. Vous avez discuté convergence des luttes avec eux?

Sam Besson: «Pas du tout. Premièrement, il n’y a pas que des Gilets jaunes qui sont venus nous voir. La population parisienne s’investit et tout au long de la journée ou de la nuit nous amène des fruits, des croissants, à manger, à boire ou du bois pour le brasero. C’est une marque de sympathie de la part de la population qui est très touchante. Pour ce qui est des Gilets jaunes, nous sommes sensibles à l’empathie qu’ils nous montrent. Mais la seule convergence des luttes qu’il va y avoir est celle du 5 décembre où de nombreuses organisations syndicales venant de beaucoup de professions ont appelé à l’action.»

Sputnik France: Vous comptez rester une semaine. Vous serez donc là pour la mobilisation du 5 décembre et également le lendemain, journée qui pourrait voir se poursuivre la grève dans certains secteurs. Que comptez-vous faire durant ces deux journées d’action?

Sam Besson: «Les modalités d’action sont encore à définir durant la semaine. Il faudra d’abord voir si la mayonnaise continue de prendre de notre côté et combien l’on sera. Ce qui est sûr, c’est que nous serons là jusqu’au vendredi 6 et que le 5, nous serons présents à la fois dans le cortège et au village.»

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