L'Italie risque-t-elle de se retrouver sous l'eau?

© AP Photo / Luca BrunoDes gens marchent dans l'eau sur la place Saint-Marc inondée à Venise, en Italie, le mercredi 13 novembre 2019
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Plusieurs régions d’Italie sont touchées par la vague d’intempéries qui dure depuis deux semaines. Venise n'en aurait pas fini avec les inondations et le mauvais temps. Dimanche 24 novembre, l’eau a atteint dans la ville musée les 130 cm au-dessus du niveau de la mer. Sputnik en a discuté avec un spécialiste italien.

Dix jours après une série de marées hautes inédite au cours des dernières décennies, Venise a connu dimanche matin une nouvelle «acqua alta» avec un pic à 130 cm au-dessus du niveau moyen de la mer, bien qu’encore loin des 186 cm historiques [plus haut niveau depuis 1966, ndlr] du 12 novembre de cette année qui avaient dévasté la ville musée.

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«Ce n’est pas une catastrophe comme nous l’avons connue la semaine dernière, avec un niveau d’eau atteignant 186 cm. Quoi qu’il en soit, l’inondation est susceptible d'affecter une grande partie de la ville», raconte à Sputnik l'ingénieur Maurizio Ferla de l’Institut supérieur de la protection de l'environnement et de la recherche (ISPRA).

Puis il rappelle que le projet toujours en construction MOSE [«Moïse», système anti-inondation intégré constitué de rangées de passerelles mobiles qui isolent la lagune de Venise de la mer Adriatique lorsque la marée dépasse un niveau normal (110 cm) et peut atteindre trois mètres, ndlr] n’est pas encore terminé.

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«Bien sûr il aurait été préférable qu’il soit terminé plus tôt. S’il avait été opérationnel la semaine dernière [lors du pic du 12 novembre, ndlr], la marée maximale n'aurait pas été d'environ 190 cm mais de 120 cm, ce qui change radicalement la donne», assure le spécialiste.

Perdre une partie du patrimoine culturel mondial

Venise peut-elle se retrouver un jour sous l'eau, réalité ou spéculation? L’Italien répond:

«Cette magnifique ville a toujours eu une relation difficile avec la mer. […] Venise est reliée à la mer Méditerranée qui, étant reliée aux océans par le détroit de Gibraltar et le canal de Suez, présente une dynamique spécifique. Comparée aux masses océaniques, la mer Méditerranée est un petit plan d'eau. Il ne fait aucun doute que les changements dans les océans affecteront Venise, mais jusqu'à présent, il existe peu de prévisions fiables concernant les conséquences pour la Méditerranée. Selon le Centre euro-méditerranéen pour le changement climatique, le niveau de l'Adriatique augmentera d'au moins 10 centimètres d'ici 2050.»

Puis il ajoute que, selon les observations, au cours des cent dernières années, le niveau de l'eau a augmenté et le processus s'est particulièrement accéléré au cours des vingt dernières années.

«Nous l’avons appris grâce aux données historiques. On devrait interroger des experts sur le changement climatique en perspective. Toujours est-il que le groupe de travail sur le cinquième Rapport d'évaluation sur les changements climatiques 2014 prévoit l'augmentation du niveau des océans du monde de 30 cm à un mètre», note M.Ferla.

De plus, l’ingénieur souligne que les zones côtières sont les plus vulnérables aux effets du changement climatique.

Il faut agir

«Dans le cas de Venise, c’est très grave car il s’agit de défendre un patrimoine historique et artistique inestimable. […] Beaucoup d'autres régions souffrent des pluies incessantes et des inondations en Italie, dont certaines zones sont même situées à trois ou quatre mètres en dessous du niveau de la mer. Somme toute, ceci s'applique à toutes les plaines italiennes», prévient l’ingénieur.

Il appelle à accepter le fait que la température de l'atmosphère ait augmenté au cours des cent dernières années.

«Cela a inévitablement entraîné un certain nombre de conséquences: le niveau de la mer monte, le nombre de tempêtes augmente. Cela devrait être pris au sérieux, car nous sommes confrontés à des preuves de ces phénomènes naturels. Nous devons donc faire face aux faits et travailler à la création de mesures pouvant être mises en pratique le plus efficacement possible», résume Maurizio Ferla.

Lancé en 2003, le projet MOSE s’appuie sur 78 digues flottantes qui se relèvent et barrent l’accès à la lagune en cas de montée possible des eaux de l’Adriatique jusqu’à trois mètres.

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