Plus de 60 médecins se disent, dans une lettre ouverte, préoccupés de la détérioration de la santé de Julian Assange, détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans le sud de Londres. Le fondateur de WikiLeaks est menacé d’extradition vers les États-Unis, où il encourt une peine allant jusqu’à 175 ans d’emprisonnement pour espionnage. Joe Lauria, rédacteur en chef du site d'information Consortium News, commente la situation pour Sputnik.
L’état de santé d’Assange inquiète les médecins
«Cette lettre a été envoyée à la secrétaire d'État britannique. Personne ne s'attend vraiment à ce qu'elle agisse dans ce sens», a déclaré l’interlocuteur de l’agence, à propos de l’exigence de ces professionnels de santé de prodiguer à Julian Assange des soins dans un hôpital doté de personnel qualifié.
Faute de quoi, «nous redoutons vraiment, sur la base des éléments actuellement disponibles, que M.Assange meure en prison», lit-on dans ce message, dont les signataires insistent par ailleurs sur «une évaluation médicale urgente de son état de santé physique et psychologique».
«Assange est dans une prison de haute sécurité pour des actes absolument non violents. Il ne devrait pas être là. Il devrait être soigné. Ces médecins ont clairement indiqué qu'il souffrait d'un problème d'épaule très grave et avait besoin d'une IRM, […] et, ce qui est peut-être le plus grave, qu’il souffrait d'une dépression modérée à sévère. La vie de Julian Assange est désormais en danger», avertit M.Lauria.
Et d’ajouter que ces médecins eux-mêmes avaient peur de s’exprimer sur l’état de Julian Assange par crainte de nuire à leur propre carrière et à leur statut social.
«Ils craignent que leur association avec Assange ne nuise même à leurs moyens de subsistance, ces médecins ayant visiblement été intimidés par le gouvernement», a supposé le journaliste.
Il a également indiqué que le lanceur d’alerte éprouvait «une extrême difficulté» pour se préparer à son audience, prévue en février, sur une éventuelle extradition vers les États-Unis, n’ayant pas «d'ordinateur adéquat» et ne bénéficiant pas d’assez d’entrevues avec ses avocats.
Le cas Assange pourrait créer un précédent
«C’est, à mon sens, un symbole des temps dystopiques dans lesquels nous vivons. C’est un journaliste qui a publié une information confidentielle qui révélait des crimes de guerre - des crimes de guerre présumés, de toute façon - de la part des États-Unis, de la corruption par de nombreux autres gouvernements. Il est puni pour cela, alors que le public est soit apathique soit contre lui pour la plupart», a déclaré Lauria, prévenant que le cas d'Assange pourrait créer un précédent qui soumettrait tous les médias américains à des accusations en vertu de la loi sur l'espionnage.
Julian Assange s'était réfugié à l'ambassade d’Équateur à Londres en 2012, après avoir été accusé d'agression sexuelle en Suède. Il a affirmé que les charges retenues contre lui étaient fausses et qu'elles servaient de prétexte pour l'extrader vers les États-Unis, où il est accusé d'espionnage et de divulgation de milliers de documents classifiés liés aux opérations militaires américaines. Cependant, son asile a été révoqué en avril.
Le mois suivant, il a été condamné à 50 semaines de prison à Londres, pour violation de sa liberté provisoire sous caution lorsqu’il s’est réfugié à l'ambassade d'Équateur. La Suède a toutefois annoncé qu’elle avait clos l’affaire de viol à l’encontre du fondateur de WikiLeaks. Cependant, il est toujours poursuivi aux États-Unis pour espionnage.