La cour d’assises de Paris jugera ce lundi 25 novembre six personnes suspectées d’avoir organisé deux réseaux de prostitution exploitant des mineurs en Île-de-France, à Lille et à Rouen, rapporte Le Parisien. Les proxénètes risquent une vingtaine d’années de prison, leurs activités criminelles ayant été dévoilées grâce à une fillette nigériane qu’ils avaient recrutée à l’âge de 10 ans pour travailler à Paris.
Une dette de 40.000 euros
En 2014, la petite Nigériane Grace [prénom modifié] est arrivée dans la capitale française pour travailler dans le monde de la coiffure. La jeune fille a reçu cette proposition de travail d’une cliente du salon de beauté où elle travaillait dans son pays natal.
Âgée à l’époque d’à peine 10 ans, une fois arrivée en France, Grace se voit recrutée sur ce mensonge par un trafic de prostituées. Une facture de 40.000 euros, soit les frais de son voyage depuis le Nigéria, lui est présentée. Elle a désormais une dette à payer.
Une vingtaine de passes par nuit
Deux ans plus tard, en 2016, la jeune fille s’est décidée à se rendre au commissariat pour dénoncer les faits. D’après son témoignage, Grace faisait «une vingtaine de passes par nuit, au Bois de Vincennes ou rue Saint-Denis». La jeune fille devait rendre quotidiennement à sa recruteuse 600 euros, le dimanche 1.000 euros, plus 650 euros mensuellement pour l’hébergement.
Si elle ne payait pas, elle était battue à coups de ceintures. Cependant, son jeune âge lui permettait de bien gagner:
«J'ai fait beaucoup d'argent pendant cette période parce que je suis très jeune et tout le monde veut me prendre moi», a-t-elle expliqué.
«Symptômes post-traumatiques à caractère sexuel»
Celle qui a recruté Grace a été interpellée et écrouée en janvier 2016. Ancienne prostituée, la proxénète avait subi le même parcours que les jeunes filles qu’elles avaient enrôlées. D’après son avocate, Me Stéphanie Le Roy, «au moment de son arrestation, elle continuait à se prostituer et à rembourser sa dette», mais elle avait présenté ses excuses à Grace et était sincère.
Une dizaine de victimes ont été recensées. Quant à Grace, elle «présente des symptômes post-traumatiques à caractère sexuel», selon l’expert psychologue. Elle a été placée en famille d’accueil.
«L'âge de cette victime donne à ce procès une résonance particulière. On est face à un réseau parfaitement rodé avec des groupes mafieux qui opèrent au Nigeria et en France. Ce n'est malheureusement pas un épiphénomène mais un système très organisé qui exploite désormais des filles de plus en plus jeunes», explique Me Noémie Saidi-Cottier, représentant l’association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE), partie civile.
Le verdict devra être rendu le 6 décembre.