Le bilan des violences en Bolivie continue de s'alourdir après la démission du Président Evo Morales et l’adoption par le gouvernement intérimaire d’un décret prévoyant l’impunité pour les membres des forces armées. Dans une interview accordée à Sputnik, l’ancien Président, qui n’a jamais eu recours à l’armée pour réprimer la population, appelle à mettre fin à la répression des manifestants en qualifiant ces mesures de «crimes contre l'humanité».
«Je veux que les forces armées sachent que les normes internationales sont plus strictes que toute loi ou décret, et qu’elles ne pourront pas échapper à leur responsabilité. Ce sont des crimes contre l'humanité», a-t-il déclaré.
Il a également assuré que la paix dans son pays était sa priorité.
«S'ils [les États-Unis et le gouvernement intérimaire, ndlr] ont tellement peur de moi, alors je ne veux pas être candidat aux prochaines élections. Et si je peux en quelque sorte contribuer à la paix, je le ferai», a déclaré l'ex-Président.
Impunité pour les membres des forces armées
Le 15 novembre, la Présidente par intérim Jeanine Anez a publié un décret exemptant les forces armées de toute responsabilité pénale lors du rétablissement de l'ordre dans le pays. Cette décision a été condamnée par les organisations internationales et les opposants politiques.
Selon la Commission interaméricaine des droits de l'Homme, ces dispositions «ignorent les normes internationales dans le domaine des droits de l'Homme et stimulent ainsi des répressions brutales».
La Commission a également publié sur son compte Twitter les photos du décret en question.
La @CIDH alerta para el Decreto Supremo No. 4078 sobre actuación de FF.AA. en #Bolivia, de fecha 15 de nov 2019. El Decreto pretende eximir de responsabilidad penal al personal de FF.AA. que participe en los operativos para reestablecimiento y estabilidad del orden interno. (1/3) pic.twitter.com/297pEsNTVd
— CIDH - Comisión Interamericana de Derechos Humanos (@CIDH) November 16, 2019
La Bolivie perturbée par des heurts
Depuis la démission d'Evo Morales, ses partisans manifestent quotidiennement dans les rues de La Paz et dans certaines villes de province.
De violents heurts ont eu lieu le 15 novembre à Cochabamba, où neuf personnes ont été tuées dans des affrontements avec la police et l'armée.
Depuis son exil mexicain, Evo Morales avait appelé la communauté internationale à mettre fin à la répression des manifestants, répression qu'il avait assimilée à un «génocide».
Nouvelle Présidente
Jeanine Anez, deuxième vice-présidente du Sénat, s'est autoproclamée Présidente par intérim de la Bolivie et ce malgré l'absence de quorum au Parlement, arguant de «la nécessité de créer un climat de paix sociale» dans un pays secoué par une grave crise politique depuis l'élection présidentielle de fin octobre.
L’annonce a aussitôt été qualifiée de «coup d'État» par Morales, en exil au Mexique.