Morales à Sputnik: «Les forces armées boliviennes ne pourront pas échapper à leur responsabilité»

© AFP 2024 RONALDO SCHEMIDTLa Bolivie perturbée par des heurts
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Commentant à Sputnik le nombre croissant de victimes lors des heurts en Bolivie, l’ancien Président Evo Morales a averti les forces armées que «les normes internationales étaient plus strictes» que le décret du gouvernement intérimaire leur octroyant l’impunité.

Le bilan des violences en Bolivie continue de s'alourdir après la démission du Président Evo Morales et l’adoption par le gouvernement intérimaire d’un décret prévoyant l’impunité pour les membres des forces armées. Dans une interview accordée à Sputnik, l’ancien Président, qui n’a jamais eu recours à l’armée pour réprimer la population, appelle à mettre fin à la répression des manifestants en qualifiant ces mesures de «crimes contre l'humanité».

«Je veux que les forces armées sachent que les normes internationales sont plus strictes que toute loi ou décret, et qu’elles ne pourront pas échapper à leur responsabilité. Ce sont des crimes contre l'humanité», a-t-il déclaré.

Il a également assuré que la paix dans son pays était sa priorité.

«S'ils [les États-Unis et le gouvernement intérimaire, ndlr] ont tellement peur de moi, alors je ne veux pas être candidat aux prochaines élections. Et si je peux en quelque sorte contribuer à la paix, je le ferai», a déclaré l'ex-Président.

Impunité pour les membres des forces armées

Le 15 novembre, la Présidente par intérim Jeanine Anez a publié un décret exemptant les forces armées de toute responsabilité pénale lors du rétablissement de l'ordre dans le pays. Cette décision a été condamnée par les organisations internationales et les opposants politiques.

Selon la Commission interaméricaine des droits de l'Homme, ces dispositions «ignorent les normes internationales dans le domaine des droits de l'Homme et stimulent ainsi des répressions brutales».

La Commission a également publié sur son compte Twitter les photos du décret en question.

La Bolivie perturbée par des heurts

Depuis la démission d'Evo Morales, ses partisans manifestent quotidiennement dans les rues de La Paz et dans certaines villes de province.

De violents heurts ont eu lieu le 15 novembre à Cochabamba, où neuf personnes ont été tuées dans des affrontements avec la police et l'armée.

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Les heurts entre les forces de l'ordre et des partisans de l'ancien Président se sont également produits mardi 19 novembre près de la raffinerie de Senkata, à quelques kilomètres de La Paz, et ont fait huit morts, selon le parquet général. Les échauffourées ont éclaté alors que l'armée et la police dégageaient l'usine de combustible située à El Alto que des manifestants occupaient depuis la semaine dernière.

Depuis son exil mexicain, Evo Morales avait appelé la communauté internationale à mettre fin à la répression des manifestants, répression qu'il avait assimilée à un «génocide».

Nouvelle Présidente

Jeanine Anez, deuxième vice-présidente du Sénat, s'est autoproclamée Présidente par intérim de la Bolivie et ce malgré l'absence de quorum au Parlement, arguant de «la nécessité de créer un climat de paix sociale» dans un pays secoué par une grave crise politique depuis l'élection présidentielle de fin octobre.

L’annonce a aussitôt été qualifiée de «coup d'État» par Morales, en exil au Mexique.

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