La promotion du film, récompensé par le Grand Prix du jury à Venise, a été ébranlée, les acteurs Jean Dujardin et Emmanuelle Seigner ayant annulé des interviews télévisées tandis que des émissions enregistrées avec Louis Garrell n'ont pas été diffusées ces derniers jours, écrit l’AFP.
Quelques dizaines de féministes ont bloqué mardi soir une avant-première dans un cinéma parisien en scandant «Polanski violeur, cinémas coupables».
La seance et le débat du ciné-club du XIXe siècle prévue autour du J’Accuse de Polanski empêchée hier au Champo par des manifestantes pic.twitter.com/5bajyN1EIe
— Dominique Kalifa (@dkalifa) November 13, 2019
Elles brandissaient des pancartes sur lesquelles est écrit «Polanski persécute les femmes».
L’avant-première du « J’accuse » de #Polanski donne lieu à une manifestation dénonçant les violences sexuelles dans le milieu du cinéma #MeToo pic.twitter.com/XmiOWvXQkY
— Fouad Benseddik (@fbenseddik) November 12, 2019
A la principale avant-première, aux Champs-Elysées, beaucoup d'invités ont dit «dissocier l'homme du réalisateur».
«Je viens voir le travail de l'homme, du réalisateur; je ne sais pas si ce dont on l'accuse est vrai ou pas vrai», a affirmé à l'AFP Seny Carette, estimant que les acteurs du film «n'ont rien fait pour qu'on pénalise leur travail».
Rassemblement de militantes féministes à l’avant-première parisienne de « J’accuse » : « Polanski violeur, cinémas coupables, public complice » pic.twitter.com/6nMFkr02EB
— Romain Jeanticou (@romainjeanticou) November 12, 2019
Une autre invitée, Sophie Lemarrec, a souligné qu'elle allait «regarder le film en partie par rapport (aux accusations), avec du recul».
Rassemblement de militants•tes féministes devant le cinéma le Champo (dans le 5ème arrondissement de Paris) contre la sortie du film "J'accuse" de Roman Polanski.
— Anna Hebting (@AnnaHebting) November 13, 2019
La projection du film est finalement annulée. pic.twitter.com/SJ6tpBEOto
Cette avant-première se tenait en présence d'acteurs comme Vincent Perez, Michaël Youn et Pierre Richard, des journalistes comme Anne Sinclair ou Guillaume Durand et des personnalités comme Jean Veil, fils de Simone Veil.
Affaire Polanski
Vendredi, le quotidien Le Parisien a publié le témoignage de la photographe Valentine Monnier qui dit avoir été «rouée de coups» et violée par le réalisateur franco-polonais en 1975 à l'âge de dix-huit ans, alors qu'elle était venue skier en Suisse avec une amie. Une accusation réfutée par l'avocat du cinéaste.
La nouvelle affaire Polanski, poursuivi par la justice américaine dans une procédure pour détournement de mineure lancée en 1977, arrive sur les écrans à l'heure où le mouvement #MeToo est revenu à la une en France après les déclarations d'Adèle Haenel qui a accusé le réalisateur Christophe Ruggia d'«attouchements» et de «harcèlement» alors qu'elle était adolescente.
Adèle Haenel, l'une des actrices françaises les plus prisées, a été l'une des rares voix du cinéma français à exprimer son soutien à Valentine Monnier.
Drame historique «J'accuse»
Thriller sur fond d'espionnage, «J'accuse», raconte ce scandale majeur de la IIIe République qui a duré douze ans (1894-1906), du point de vue du lieutenant-colonel Georges Picquart, chef des services de renseignement.
Jean Dujardin campe le rôle du lieutenant-colonel, Emmanuelle Seigner, épouse de M. Polanski, celui de sa maîtresse, tandis que Louis Garrell incarne le capitaine Dreyfus.
"J'accuse" : Polanski revisite de main de maître l'affaire Dreyfus #cinema https://t.co/v1ZxAFeevs pic.twitter.com/2eIv9pM20C
— Culturebox (@Culturebox) November 13, 2019
La polémique avait rattrapé Roman Polanski à Venise quand des féministes avaient regretté la sélection en compétition du réalisateur multi-récompensé, qui a déjà été visé ces dernières années par trois autres accusations de viols, qu'il a réfutées.
«J'accuse» a été récompensé du Grand Prix du jury à la Mostra, mais il a aussi suscité des réserves, notamment parce que Roman Polanski avait dit à plusieurs reprises qu'il voyait dans cette affaire un écho à sa propre histoire, s'estimant «persécuté».