Le patron d'Uber, lié à Riyad, s'excuse d'avoir parlé «d'erreur» pour qualifier l’assassinat de Khashoggi

© AP Photo / Eric RisbergUber
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Le patron d'Uber s'est excusé lundi après avoir déclaré dans une interview que l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dans lequel Riyad a reconnu sa responsabilité, était une «erreur». L’Arabie saoudite est l’un des actionnaires les plus importants du géant des VTC.

Le patron du géant Uber est revenu sur ses propos polémiques au sujet de l’assassinat du journaliste Khashoggi dans le consulat saoudien d’Istanbul, en Turquie.

​«Il ne peut y avoir de pardon ou d'oubli de ce qui est arrivé à Jamal Khashoggi et j'ai eu tort d'appeler cela une erreur», a tweeté M.Khosrowshahi lundi matin pour expliquer ses propos de la veille dans un entretien à Axios.

«J'ai dit quelque chose sur le moment que je ne pense pas. Nos investisseurs connaissent mon point de vue depuis longtemps sur ce point et je suis désolé de n'avoir pas été aussi clair sur Axios», a encore expliqué le patron du groupe.

L'Arabie saoudite, à travers son fonds d'investissement souverain, est le cinquième actionnaire du numéro un de la location de voitures avec chauffeur et le gouverneur du fonds, Yasir al-Rumayyan, siège à son conseil d'administration.

Les déclarations du patron d'Uber ont provoqué un tollé aux États-Unis, où M.Khashoggi collaborait au Washington Post et où son assassinat dans des conditions atroces avait suscité des critiques sévères contre le pouvoir saoudien, y compris au Congrès.

«Je pense que le gouvernement [saoudien, ndlr] a dit qu'il avait fait une erreur», a déclaré dimanche M.Khosrowshahi, avant de se lancer dans une comparaison hasardeuse.

«C'est une erreur grave, mais nous aussi avons fait des erreurs, dans la conduite automatique (...) et nous nous remettons de cette erreur», a-t-il ajouté, faisant allusion à un incident dans lequel une voiture autonome d'Uber avait tué accidentellement une piétonne en mars 2018.

Interloqué, le journaliste d'Axios a interpellé le PDG sur cette comparaison entre un accident et un assassinat. «Je pense que les gens font des erreurs et cela ne veut pas dire qu'on ne peut jamais leur pardonner. Je pense qu'ils ont pris ça [le pouvoir saoudien, ndlr] sérieusement», a répondu M.Khosrowshahi.

«Les Saoudiens sont comme n'importe quel actionnaire. Puisque nous sommes maintenant cotés en Bourse, n'importe qui peut investir. Et ils sont un gros investisseur, comme vous pourriez l'être», a-t-il encore rétorqué au journaliste.

L'entrée en bourse d'Uber est un fiasco du point de vue des actionnaires. Introduit à 42 dollars, le titre a terminé lundi à 27,14 dollars.

Karen Attiah, une écrivaine et collègue de Jamal Khashoggi au Washington Post, s'est indignée des propos du patron d'Uber, en rappelant que le journaliste saoudien se déplaçait en Uber quand il s'était volontairement exilé aux États-Unis. «Quelle terrible ironie que nous devions envisager le pardon», a lancé Karen Attiah, avant de conclure une série de tweets par le mot-dièse #BoycottUber sur Twitter.

Des documents déposés vendredi auprès du gendarme de la Bourse ont par ailleurs montré que le cofondateur et ex-patron d'Uber, Travis Kalanick, avait récemment vendu 21% de ses parts dans l'entreprise pour quelque 547 millions de dollars.

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