Emmanuel Macron est aujourd’hui à mi-mandat. Il avait voulu se démarquer de ses prédécesseurs. N’avait-il pas intitulé son livre-programme «Révolution»? Il a rapidement fait passer des réformes importantes, sur le droit du travail, qu’il a contribué à démanteler à la suite de François Hollande, sur la fiscalité aussi, avec la suppression de l’ISF, dans les services publics, avec la réforme de la SNCF, et enfin avec la réforme de l’assurance-chômage et celle, qui s’annonce, des retraites.
Le mouvement des Gilets jaunes, qui a commencé en novembre 2018 tout comme les tensions à la SNCF qui se traduisent par des grèves à répétition, sont les produits de cette politique, une politique qui a par ailleurs aggravé la pauvreté et conduit 566 personnes à mourir dans la rue en 2018 contre 511 en 2017.
De mauvais résultats macroéconomiques
L’échec de la politique d’Emmanuel Macron est sans doute le plus flagrant en ce qui concerne la croissance.
Il faut ici souligner qu’Emmanuel Macron avait hérité de la politique expansionniste que François Hollande avait mise en place dans l’espoir d’être réélu. C’est cette politique qui explique que les taux de croissance trimestriels en 2017 ont donc été particulièrement élevés. Mais ces mêmes taux se sont effondrés dès le début de 2018. On oscille entre +0,2% et +0,3%, et le taux de croissance de la France pour 2019 ne dépassera pas 1,5%. De fait, l’économie est loin d’être libérée, selon la formule d’Emmanuel Macron.
Dans ce contexte, les résultats de la production industrielle sont mauvais. La France n’a jamais récupéré de la crise de 2008 et de la récession qui s’en est suivi. L’indice de la production industrielle reste très inférieur à ce qu’il était en 2006.
Depuis le milieu de 2017, soit à partir de l’élection d’Emmanuel Macron, la production manufacturière stagne. La France est en train de perdre petit à petit son tissu industriel.
Une consommation et un investissement en berne
Les résultats de la consommation, qu’il s’agisse de celle des ménages ou de celle des entreprises industrielles, pose aussi problème. D’une part parce qu’une croissance molle ne permet pas de distribuer, sauf exceptions, des hausses importantes de revenu: la croissance étant faible, cela se répercute sur la consommation. D’autre part parce qu’une consommation apathique pèse sur la production. Les entreprises, estimant que la demande va stagner, réduisent leur production et, surtout, leurs investissements. Un cercle vicieux apparaît. Seule la consommation des administrations publiques, autrement dit ce que l’on appelle les dépenses publiques, pourrait alors relancer la machine économique.
Cela n’a pas été le cas. Qu’il s’agisse de la consommation des ménages ou de celle des administrations publiques, la consommation est nettement déprimée. La demande intérieure totale s’en ressent et c’est ce qui explique la faible croissance que nous connaissons. Mais, pas plus que pour la production ou la consommation, la politique brutale d’Emmanuel Macron, n’a porté ses fruits pour l’investissement.
Si l’on met de côté les effets de la politique expansionniste de François Hollande en 2016 et au début de 2017, on voit que la croissance de l’investissement baisse dans l’ensemble des secteurs, que ce soit pour les entreprises non financières (ENF) ou les ménages, en dépit d’un effet Gilets jaunes au deuxième trimestre de 2019. Seules les administrations publiques progressent légèrement, mais elles avaient été très maltraitées par François Hollande.
Une politique en faveur des riches?
Pourtant, cette politique a bien profité à quelques-uns. Quand on regarde les effets de la politique tant fiscale qu’économique d’Emmanuel Macron, il est clair que les principaux gagnants ont été les très hauts revenus.
Une première chose saute aux yeux: la hausse des intérêts et des dividendes nets est ainsi le double de celle des salaires bruts (10,7% contre 5,3%). Elle est aussi très largement supérieure au revenu des entrepreneurs individuels (0,4%) et des artisans et petits patrons (4,8%). Les travailleurs indépendants, les paysans ou les auto-entrepreneurs ont été les plus mal lottis, ce qui est un paradoxe quand on sait qu’Emmanuel Macron voulait au contraire développer l’esprit d’entreprise chez les Français. Ce n’est donc pas étonnant si on a retrouvé ces catégories sociales – les travailleurs indépendants, les artisans, voire les patrons de petites entreprises – sur les ronds-points lors du mouvement des Gilets jaunes.
Que sera l’avenir?
Emmanuel Macron peut-il alors poursuivre sa politique économique et sociale ?
Pour ce qui est de sa politique sociale, en revanche, les indices s’accumulent d’un fort ralentissement, voire d’un arrêt, des soi-disant réformes qui ont marqué le début de son mandat. Il en est ainsi de la réforme des retraites. Mais celle de l’assurance-chômage – qui est entrée en vigueur au 1er novembre – va certainement contribuer à détériorer encore un peu plus la situation sociale et économique.