Largement relayée sur les réseaux sociaux, une photo montre un groupe de manifestants au côté de la sénatrice écologiste Esther Benbassa, portant sur leurs manteaux une étoile jaune, qui rappelle celle que devaient porter les juifs pendant la Seconde guerre mondiale (bien qu'elle n'ait que cinq branches et non six comme l'étoile de David). Au centre de l'étoile, le mot «muslim» et à côté, un croissant jaune.
Alors, cette marche contre l'#islamophobie? Calme, bon enfant, chaleureuse. #Citoyenne, en un mot. pic.twitter.com/8vPEDlwqx8
— Esther Benbassa 🌻 (@EstherBenbassa) November 10, 2019
«Cette photo est à vomir et ceux qui l'ont affublée de cette étoile se sont déshonorés», a ainsi tweeté Alain Jakubowicz, ancien président de la Licra.
«Aucun musulman de France ne subit ce que nos parents ont subi pendant la Seconde guerre mondiale et je leur souhaite de ne jamais le subir», a renchéri Ariel Goldmann, président du Fonds social juif unifié, institution de la communauté juive en France dans le domaine social.
Pour le philosophe Bernard-Henri Lévy, cette scène est «ignoble».
Cette mise en scène est ignoble. Qu’une sénatrice la cautionne est indigne. Il n’y a pas d’autobus place de la Contrescarpe. Pas de Vél d’Hiv ni d’étoile jaune contre les musulmans. Ce mélange de relativisme et de cynisme est effroyable. #Marche10Novembre pic.twitter.com/pPBg0rpnka
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) November 10, 2019
La marche contre l'islamophobie qui a rassemblé 13.500 personnes, selon un comptage du cabinet Occurence réalisé pour des médias, dont l'AFP, est au cœur d'une polémique depuis plusieurs jours.
Initiée par plusieurs personnalités et organisations comme le Collectif contre l'islamophobie en France, elle a divisé la classe politique et suscité des critiques acerbes du gouvernement français.
"Bon enfant".
— Aurore Bergé (@auroreberge) November 10, 2019
Je vois surtout sur cette photo une enfant instrumentalisée, à laquelle on fait honteusement porter une étoile jaune.
La situation des musulmans de notre pays n'est en rien comparable avec celle des juifs dans les années 30/40. Cette comparaison est indécente. https://t.co/2rVOAs4gRL
De nombreux politiques déjà vent debout contre la marche, ont également réagi à la publication de la photo. Pour la députée LREM Aurore Bergé, «la comparaison est indécente».
«La situation des musulmans de notre pays n'est en rien comparable avec celle des juifs dans les années 30/40», a-t-elle tweeté.
Certains à gauche s'en sont également émus comme le sénateur socialiste de Paris, David Assouline qui dit «chercher ses mots pour dire son écœurement».
De son côté, Esther Benbassa s'est défendue, au travers de plusieurs tweets, de tout antisémitisme rappelant que en tant que «juive» elle avait «consacré sa vie à écrire l'histoire des siens».
«Je n'avais pas remarqué ces insignes» ajoute-t-elle avant d'écrire: «Que nos contemporains stigmatisés s'identifient à ces souffrances passées est tout à fait compréhensible. Personne ne vole ici sa souffrance à personne».
Quant au port de cette étoile, et s'il n'était qu'un hommage aux souffrances passées des juifs et une mise en garde contre toute possible dérive? Quant à mon engagement auprès des stigmatisés et des discriminés, ne doit-il donc rien à cette histoire que, juive, je porte en moi?
— Esther Benbassa 🌻 (@EstherBenbassa) November 10, 2019