Les achats massifs d’avions, de chars et de véhicules blindés américains par des pays voisins de la Serbie ne préoccupent personne, alors que cette dernière est menacée de sanctions par les États-Unis, suite à l’annonce par le Président Aleksandar Vucic de la décision de Belgrade d’acquérir auprès de la Russie des systèmes Pantsir-S, a rappelé à Sputnik Mitar Kovac. Ce colonel serbe à la retraite doute toutefois de la mise en application desdites sanctions.
«Si une chose pareille arrivait, cela signifierait tout bonnement que l’Amérique s’engage dans une voie violente de résolution du problème, ce qui ne lui profite guère, car il y a également aujourd’hui dans le monde d’autres forces de poids qui ne sont plus marginales comme en 1999», explique-t-il.
Pour lui, ces sanctions incessantes contre tous ceux qui s’opposent aux intérêts de Washington, c’est une voie qui mènera les États-Unis à l’isolement.
«Dans les Balkans, tous s’arment, mais seule la Serbie préoccupe les États-Unis. Somme toute, il s’agit de la pression exercée par le complexe militaro-industriel américain, préoccupé par les progrès techniques réalisés en Russie et en Chine. L’Amérique considère les Balkans comme un point important à contrôler, tout en comprenant cependant que d’autres forces régionales et mondiales y enfoncent leurs racines de plus en plus profondément», analyse le haut gradé serbe.
En comparaison avec d’autres pays de la région, la Serbie n’est aucunement le plus grand acheteur d’armements, souligne-t-il. La Roumanie négocie l’acquisition de plus d’une centaine de blindés, ainsi que des chars et des missiles américains. La Bulgarie achète huit F-16, alors que le Monténégro a signé des contrats pour se fournir en hélicoptères et matériel blindé pour un montant de 66 millions de dollars.
L’arrivée de S-400 russes en Serbie, une surprise pour l’Occident
Un bataillon de systèmes antimissiles S-400 et une batterie antiaérienne Pantsir-S ont été acheminés en Serbie dans le cadre d’exercices militaires conjoints en octobre. C’était la première fois que de tels armements participaient à des manœuvres sur le territoire d’un État étranger.
«Ceux qui y ont envoyé ces S-400 se sont sans doute rendu compte de la nécessité de rester dans les Balkans pour y protéger leurs propres intérêts de façon légitime. En même temps, l’Otan a été ainsi informée que les Serbes savaient manier ce système. Déjà en 1999, nos militaires s’étaient entraînés à des S-300», rappelle l’expert.
Bien que les hommes politiques serbes affirment ne pas envisager d’acheter des S-400 à la Russie, M.Kovac estime que ce serait une grande chance, non seulement pour la Serbie, mais pour l’ensemble de la région.
«Cela aiderait à établir un nouvel équilibre de sécurité dans le sud-est de l’Europe, à dissuader l’Otan et à arrêter sa "campagne à l’est"», résume l’interlocuteur de Sputnik.
Le S-400 Triumph (code Otan: SA-21 Growler) est un système de missiles sol-air de grande et moyenne portée destiné à abattre tout type de cible aérienne: avions, drones et missiles de croisière hypersoniques dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres.
Le système Pantsir-S1 (code Otan: SA-22 Greyhound) est doté de deux canons bitubes de 30 mm capables de tirer 5.000 projectiles par minute et de 12 missiles d’une portée de 20 km. Destiné à protéger les sites civils et militaires, il possède des radars de détection et de suivi des cibles et peut effectuer un tir de précision en mouvement.