David Dufresne, qui depuis l’acte III du mouvement des Gilets jaunes envoie via Twitter ses signalements sur les violences policières au compte du ministère de l’Intérieur, a fait part, dans un entretien à L’Express, de ses réflexions sur le travail des forces de l’ordre. Car toute sa veille, dépourvue du moindre commentaire, lui permettait d’en conclure qu’il y avait un problème dans leurs activités.
Avantages de la fiction
«… La fiction a des avantages: d'abord, il n'y a plus la question du off / pas off par rapport aux sources. On peut y aller, il n'y a pas de prévention particulière. Ensuite, cela permet la synthèse. La plupart de mes personnages sont des personnages composites. Il y a plusieurs syndicalistes de police à travers le personnage du syndicaliste que je décris», a-t-il expliqué, pour justifier le choix du genre.
Dans son roman, David Dufresne, qui menait avec Mediapart un décompte des cas de blessures de manifestants, a cité une hypothèse pour expliquer certaines d’entre elles.
«Un policier énervé vise le visage»
«Dans le livre, le personnage du formateur de police s'inspire d'un vrai formateur que je connais et dont j'ai changé le nom. Il m'a exposé sa théorie sur le nombre aussi important de blessés au visage. Selon lui, durant l'hiver, les manifestants portent plusieurs couches de vêtements qui amortissent les balles de défense: pulls, sous pulls, doudounes...Et donc, qu'un policier fatigué, énervé, excédé lève un peu son lanceur et vise le visage...», a-t-il relaté.
La répression au détriment du maintien de l’ordre
«Les deux fondamentaux: "stricte nécessité de l'usage de la force" et "proportionnalité" ont été largement mis à mal. Il y a une judiciarisation de la manifestation et une criminalisation des manifestants. On n'est plus dans le maintien de l'ordre, on est dans la répression».
Une volonté policière de «se payer» des Gilets jaunes?
Répondant à L’Express, le journaliste n’a par ailleurs pas confirmé que certaines mutilations aient découlé d’une volonté des policiers de «se payer» des Gilets jaunes.
«Je ne suis pas dans le complot, je ne crois pas aux mains invisibles. Mais ce qu'on voit, c'est une police à bout de nerfs, en roue libre, dans un sentiment de toute-puissance. Et pour l'heure, plutôt dans une impunité garantie», a-t-il détaillé.
Pour conclure, David Dufresne a annoncé avoir reçu deux «visites» suite auxquelles une partie de son bureau s’était retrouvé dans le désordre alors qu’il se considère plutôt comme un «maniaque» du rangement.