Les aventures quotidiennes de cette famille française avec huit enfants installée en Russie. Partie 2

© Photo Fabrice et Isabelle SorlinFamille Sorlin
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La famille nombreuse française de Fabrice Sorlin continue de dévoiler son expérience «épique» d’installation à la campagne russe au micro de Sputnik. Elle fait part des principaux avantages et inconvénients de la vie en Russie.

Débarquer au milieu de la campagne russe, avec toute sa famille, sans bien parler la langue du pays, pour s’y installer, ne semble pas une affaire facile. Les époux Fabrice et Isabelle Sorlin, dont nous avons parlé dans la première partie de notre reportage, évaluent les changements qui se sont produits en l’espace des quatre années qu’ils ont passées en Russie, ainsi que les avantages et les inconvénients de la vie dans ce pays au quotidien.

«Installation épique»

Décembre 2015, leur avion atterrit à Moscou, ils ont 12 valises de 23 kilogrammes. Leurs six enfants à l’époque «avaient droit à deux kilogrammes de jouets chacun». Partis sans envoyer de meubles depuis la France, la famille est arrivée dans une maison «surchauffée» où il n’y avait pas de lits pour tout le monde, c’est pourquoi ils ont du faire «dormir les enfants par terre». Au début de leur installation qualifiée d’«épique» par M.Sorlin, ils «piqueniquaient» chez eux.

© Photo Isabelle et Fabrice SorlinIsabelle Sorlin avec ses enfants lors d'un Régiment immortel à Moscou
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Isabelle Sorlin avec ses enfants lors d'un Régiment immortel à Moscou

À la différence de certains Français qui se logent dans un quartier français au cœur de Moscou, accueillis par des entreprises, cette famille installée à la campagne à 30 kilomètres de Moscou a subi un dépaysement total, d’autant plus qu’elle s’est trouvée dans un endroit où les gens ne parlaient ni français ni anglais, alors qu’Isabelle et Fabrice subissaient de plein fouet la barrière de la langue à l’époque. Cependant, ces derniers la considèrent comme un grand avantage:

«Ce qu’on aime, c’est qu’on a su percevoir et comprendre l’âme russe bien avant des Français qui habitent depuis 15 ans à Moscou.»

Question de nourriture

Le lendemain de leur arrivée, la première question, vitale, d’ailleurs, concernait leur alimentation. Comme le couple l’atteste, il y avait peu de magasins d’alimentation de bonne qualité dans le coin il y a quatre ans. Habitués à une autre sélection de produits, ils avaient du mal à trouver la même nourriture qu’en France: «Au début, je ne savais pas comment faire pour nourrir les enfants, comment faire pour acheter un pain», se souvient Isabelle citant l’exemple des saucisses qu’il fallait peler, ignorant si c’était un emballage comestible.

La vitesse des changements

Cependant, la famille Sorlin a été témoin des transformations majeures qui ont eu lieu dans la région en l’espace de quatre ans:

«Ils ont refait toutes les routes ici, ils ont créé des ponts au-dessus des voies de chemin de fer» et ont installé des trottoirs et des feux de circulation, relate Fabrice Sorlin, en ajoutant que «tant de magasins sont ouverts à côté», y compris de grands centres commerciaux «ultramodernes» où ils ont «réussi à retrouver la nourriture européenne». «Ça évolue hyper vite», c’est pourquoi «on sent que Moscou est arrivée ici», a-t-il conclu.

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Il était également difficile de résoudre les urgences de plomberie ou les réparations de voiture, de commander un taxi ou de voir un médecin, vu la barrière de la langue. Fabrice Sorlin avoue même avoir été victime d’une arnaque lorsqu’il avait dû payer trois fois plus cher pour un dépannage. Retraçant les souvenirs de leurs difficultés linguistiques, il a évoqué que sa femme avait été contrainte de se servir de Google Traduction lors de l’accouchement de leur septième enfant, leur fille Zénaïde, pour suivre les conseils du médecin.

Enfants devenus bilingues

Après le déménagement, leurs enfants en âge d’être scolarisés l’ont été et ont donc commencé leurs études dans une école orthodoxe dont l’enseignement se passe en russe, parce qu’«on voulait que nos enfants français soient immergés dans le milieu russe». Les progrès ne se sont pas manifestés tout de suite mais l’aventure en valait la peine pour les attendre, affirment les époux:

«On avait un peu de doutes, parce qu’au bout de trois mois on ne voyait pas de déclic chez les enfants. Ils connaissaient des choses mais pas autant que ce qu’on pensait qu’ils devaient comprendre et on s’est dit que cela n’allait pas aller. Et tout d’un coup, un mois ou deux mois après, déclic!»

​Donnant des exemples, Fabrice Sorlin a raconté comment leur fille aînée Clotilde a commencé à parler russe:

«Je l’amène le matin à l’école et je l’entends réciter une poésie en russe. […] Et là je voyais qu’elle roulait les "r" parfaitement et je me suis dit que c’était incroyable. Je suis allé voir le directeur [de l’école, ndlr] et je lui ai dit: “Monsieur le directeur, je vous montre ça”, il écoute et il dit “C’est fabuleux! Elle n’a pas d’accent!”».

De plus, les parents ont inscrit leurs enfants à des activités extrascolaires, par exemple au foot, au sambo, à la musique, à la natation, à la gymnastique et à la danse. Le fait que les cours se terminent à l’école vers 14 heures permet aux enfants d’avoir plus de temps libre pour pouvoir suivre d’autres activités physiques ou créativités et en même temps d’être sociabilisés et d’apprendre mieux le russe.

© Photo Isabelle et Fabrice SorlinLes enfants d'Isabelle et Fabrice Sorlin
Les aventures quotidiennes de cette famille française avec huit enfants installée en Russie. Partie 2 - Sputnik Afrique
Les enfants d'Isabelle et Fabrice Sorlin

«C’est l’avantage pour eux, quand ils vont partir, ils partiront avec un bagage de langue», souligne Isabelle Sorlin.

Un point pour la médecine

Comparant le système de santé publique français au russe, le couple évoque le fait qu’il est parfois nécessaire d’attendre trois ou quatre mois en France pour consulter un spécialiste, alors que «si j’appelle là maintenant pour avoir un ophtalmologue demain [en Russie, ndlr], je vais avoir un rendez-vous demain», ont-ils déclaré. Un autre avantage, consiste en ce que les bons médecins russes peuvent consacrer plus de temps que prévu aux patients pour analyser le problème, ont affirmé les époux en se référant à leur expérience:

«On est resté une heure et demie, le médecin a essayé de comprendre, il lisait le dossier».

Transports en commun et sécurité

À cause des nombreux embouteillages, l’un des points négatifs de la capitale russe, M.Sorlin se dit obligé d’utiliser parfois les transports en commun qui ne l’ont pas encore déçu, car il n’a «jamais connu un train en retard, même quand il fait -15°C avec un mètre de neige», en comparaison avec les chemins de fer en France, souvent victimes de perturbations.

© Photo Fabrice et Isabelle SorlinFamille Sorlin en Russie
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Famille Sorlin en Russie

La question de l’insécurité en Russie, qui est régulièrement posée par les étrangers, a été balayée par nos interlocuteurs. Ils ont raconté avoir vu deux filles en jupe à 23 heures se balader tranquillement à Moscou alors que «personne ne les suivait, personne ne les abordait». Selon eux, l’ambiance est plus calme à Moscou que celle qui règne dans «certains quartiers de Paris».

«Fondamentalement bien ici» malgré certains inconvénients

En termes de nourriture, même s’il est possible de trouver des produits et du vin français, la seule chose impossible à trouver en Russie est le bon fromage, regrettent les époux Sorlin, en relatant comment les enfants se réjouissent lorsque leur père ramène une valise pleine de spécialités françaises. Et, la dernière chose qui ne pourra jamais améliorer, sauf en cas de progression du réchauffement climatique, c’est la météo, selon eux.

Après avoir vécu à Bordeaux, Fabrice et Isabelle ne parviennent pas à s’habituer au mauvais temps étendu sur près de six mois qui fait toutefois le bonheur de leurs enfants qui adorent la neige. Malgré tout, ils avouent être «fondamentalement bien ici», profitant «des fruits» que leur travail dur d’installation a commencé à donner.

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